Père Noël 1 - Eglise 0
Le 22 décembre 1951, alors que beaucoup de Français mettent la touche finale à leurs cadeaux de Noël, un débat
théologique et politique agite le pays. A la radio, l'émission Paris Vous Parle s'en fait l'écho.
"Faut-il être pour ou contre le vieux monsieur au manteau rouge et à la barbe blanche ? "
La querelle est vive entre l'Église et la figure païenne du Père Noël. Les tensions sont telles que le lendemain, la veille de Noël et sous les yeux de plus de 200 enfants des paroisses dijonaises, le vicaire de la cathédrale fait brûler un Père Noël de deux mètres cinquante de haut, fait de fil de fer et de papier rouge et blanc.
L'affaire fait grand bruit. Et même Claude Levy-Strauss prend la plume pour défendre le Père Noël
Alors que la mairie de Dijon appelle les enfants à venir assister à la "résurrection" du Père Noël à l'hôtel de ville, l'Eglise dans son ensemble est solidaire de l'autodafé.
A Toulouse, le Cardinal Jules Saliége se fend d'un communiqué :
"Ne parlez pas du Père Noël pour la bonne raison qu'il n'a jamais existé. Ne parlez pas du Père Noël, car le Père Noël est une invention !"
Mais il y a un autre argument. Pour l'Église, il y aurait une machination, un plan monté avec la complicité de l'État pour ôter son caractère religieux à Noël. C'est d'ailleurs ce que précise dans un communiqué le porte-parole de l'épiscopat français.
"Le Père Noël et le sapin se sont introduits dans les écoles publiques alors qu'ils sont la réminiscence de cérémonies païennes liées au culte de la Nature qui n'ont rien de chrétiennes; alors qu'au nom d'une laïcité outrancières la crèche est scrupuleusement bannies des mêmes écoles !"
Il est vrai que les temps sont au bannissement de toute référence religieuse dans les écoles publiques. Le ministre de l'Education nationale Marcel-Edmond Naegelen interdisant dans les écoles les crèches et les cantiques religieux.
Quelques années plus tard, en 1958, on critique encore le Père Noël. Mais la critique a changé de nature. Ce que l'on critique, ce sont des Pères Noël qui n'en n'ont pas la vertu. Le Père Noël a gagné la partie. Il doit être défendu pour sauver l'imagination des enfants (et des adultes aussi !) Finalement, au grand dam de l'Eglise, un temps brûlé, le voilà maintenant sacralisé !
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