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Les taxis pris à leur propre piège...

En 1960, le rapport Rueff-Armand est remis au Premier Ministre Michel Debré. Pour libérer l'économie française, plusieurs pistes sont proposées et notamment la libéralisation du marché des taxis. A partir de cette date et jusqu'à aujourd'hui, les taxis deviennent le symbole des rigidités françaises.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Opération escargot et barrages flitrants des taxis parisiens en février dernier © SipaPress)

Une rente qui remonte à ...1937

 Le 21 juillet 1960, le comité Rueff-Armand remet son rapport au Premier ministre Michel Debré dont le gouvernement avait commandé un rapport à l'économiste libéral Jacques Rueff et à l'ingénieur Louis Armand en novembre 1959.

Son but :

"Examiner les situations de fait ou de droit qui constituent d'une manière injustifiée un obstacle à l'expansion française."

En septembre de la même année, le rapport est rendu public et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il fait grand bruit.

Une profession est particulièrement visée, c'est celle des taxis. Le rapport proposant ainsi d'augmenter considérablement le nombre de licence pour "lutter contre les rentes artificiellement crées au détriment du consommateur"

La rente dont il est ici question date de 1937 et de Max Dormoy, ministre de l'Intérieur du Front Populaire. Pour sauver les taxis frappés par la crise, comme le reste de l'économie française, il décide de réduire l'offre de taxis dans la capitale, leur nombre passant de 25 000 dans les années 1920 à 14 000.

Et malgré la reprise économique, cette politique n'est pas abandonnée après la Seconde Guerre mondiale.

Mais en 1960, le plan est enterrée, victime de la croissance qui ne le rendait pas urgent.

L'impossible réforme: l'échec du rapport Attali

Néanmoins, 1960 reste une date importante pour les taxis puisque c'est à ce moment-là qu'ils sont devenus le symbole du blocage de l'expansion française.

Ainsi en 2008, le rapport Attali, qui avait finalement les mêmes objectifs que celui de 1960 cible à nouveau spécifiquement les taxis, mais ceux-ci se rebellent.

Manifestation, blocage de Paris... Ils obtiennent finalement gain de cause.

"On a gagné ! s'exclame un taxi des Bouches-du-Rhônes." enthousiaste.

Cependant pour l'État, c'est une défaite cinglante. Par deux fois, il a ainsi échoué à réformer le fonctionnement du marché des taxis. Un marché ultra rigide qui ne supporte aucun changement, en témoigne cette grève massive de 2002 des chauffeurs non propriétaires de leur licence.

 

Un marché rigide...et en danger

Ultra rigide certes, mais également en voie de mutation très rapide avec la concurrence très sévère des VTC. Alors n'aurait-il pas mieux fallu que les propriétaires de licence acceptent un assouplissement progressif ?

Pour s'en convaincre, une petite anecdote : en 2008, c'est en cherchant en vain un taxi à Paris que des Américains ont eu l'idée de lancer le pire cauchemar des taxis, Uber...

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