Le gaullisme, un héritage (très) convoité
Retour le 27 septembre 1973, Georges Pompidou tient une conférence de presse à l’Elysée. Le 1er janvier de cette année-là, le Royaume-Uni est entré dans la CEE. Pour certains gaullistes, qui n’ont jamais accepté que Pompidou succède au grand homme, qui ne lui pardonne pas notamment sa modération envers les syndicats et les étudiants en mai 1968, l’entrée du RU, c’est le signe de la rupture totale avec le gaullisme.
Pompidou s’agace un peu, refuse de recevoir selon ses mots « des leçons de gaullisme » puis tient ses propos :
J'ai été pendant 20 ans le collaborateur le plus étroit, proche du général de Gaulle. Je n'ai à recevoir de leçons de gaullisme de personne.
Quels que soient la grandeur du personnage et le rôle qu'il a joué, l'horloge mondiale ne s'est pas arrêtée en avril 1969. Et j'essaye d'agir de mon mieux et je ne m'abrite pas derrière le nom du général de Gaulle. Et je ne dis pas, "j'aurais fait ce qu'il aurait fait". Mais je dénie à quiconque de prétendre qu'il sait ce qu'il aurait fait.
De Gaulle a quitté le pouvoir depuis peu et déjà, l’héritage du grand homme déchire la droite française...
Mais ce n’est que le début. En 1974, quand Valéry Giscard d’Estaing est élu, ce n’est pas un gaulliste qui entre à l’Elysée. Le premier ministre, Jacques Chirac, lui est gaulliste. Mais cette stratégie de rapprochement de la droite libérale ne plait pas du tout aux gaullistes dits "historiques", à l’image de Jacques Chaban-Delmas.
En juin 1976, à Tulle en Corrèze Jacques Chirac opère un grand écart dont il a le secret:
Il existe, dans l'opposition comme parfois, hélas, dans la majorité, des hommes qui souhaitent diviser l'UDR. Elle est, et elle restera fidèle à ses orientations gaullistes et loyale à la majorité et au président de la république. Ceux qui veulent tenter d'établir les bases de la majorité sur d'autres contestations et d'autres principes que ceux qui concernent l'unité et la solidarité du gaullisme se trompent et font une oeuvre mauvaise.
Six mois plus tard, en décembre 1976, Chirac claquera la porte du gouvernement pour créer le RPR, soit très exactement ce qu’il dénonçait dans cet extrait. Et ce, toujours au nom du gaullisme.
Dans Andromaque, Euripide écrit « Le temps n'efface pas la trace des grands hommes » , dans le cas du général de Gaulle, la trace est telle que beaucoup s’en s’ont réclamée pour construire la leur...
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.