Histoires d'info. Quand le sida était un "cancer gay" et un châtiment divin
Si de nombreux progrès restent à faire, notre perception du virus du sida a connu un léger mieux. Depuis les années 1980, les discours ont évolué : une trentaine d'années plus tôt fleurissaient ainsi les spectre du "cancer gay" et du châtiment divin.
En cette veille de Sidaction, revenons grâce aux archives sur les débuts de cette terrible pandémie. Comment évoquions-nous le virus au début des années 1980 dans les grands médias français ? L’un des tout premiers reportages consacrés à la maladie dans un journal télévisé de 20 heures, date de mars 1982. À cette époque, on ne parle pas encore de Sida :
Le reporter : "Pour l'instant toutes les hypothèses sont possibles. Un virus qui affaiblirait la résistance de l'organisme et dont la multiplicité des contacts dans la communauté gay favoriserait la transmission. L'usage des drogues, notamment certains excitants cardiaques, les "poppers", fort prisés par les gays, ou bien la vie sexuelle très intense. Ou bien... Ou bien Dieu sait quoi."
La présentatrice du journal, Christine Ockrent : "Quelques cas de cancers de ce type ont fait leur apparition en France. Un groupe de chercheurs y travaillent et ont lancé un appel aux médecins pour leur signaler les cas de ce type."
Le "cancer gay" ?
On navigue alors dans le grand flou. On ne sait pas quelle est l’origine du mal qui frappe essentiellement la communauté homosexuelle de New York ou de Paris. Il n'est évidemment pas un cancer, et bel et bien virus qui n’avait rien à voir avec une une intoxication par des produits comme les poppers.
Certains y voyaient un châtiment divin
Le spectre du châtiment divin s'annonçait dans certains esprits. En témoigne cette archive incroyable de 1983, où l'on voit un pasteur, à Dallas, au Texas, se fendre d'un véritable prêche sur le sujet. "Vivre selon les préceptes de Dieu conduira notre nation à la grandeur. Violer les préceptes de Dieu conduira notre nation à la honte. Les Etats-Unis vivent actuellement une période d'expiation. Nous récoltons la tempête des vents d'immoralité que nous avons semés durant les années 1960 et 1970. Deux décennies de ruine morale. On nous parle beaucoup du sida, la peste gay qui s'étend sur notre pays. On ne se moque pas de Dieu."
On mesure le chemin parcouru mais aussi le drame vécu par toute une communauté, à la fois décimée par la maladie et longtemps, par le regard culpabilisant d’une partie de la société.
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