Histoires d'Info. Marcel Barbu, petit candidat et "brave couillon" de l'élection de 1965
"Candidat des chiens battus", Marcel Barbu n'a pas laissé une trace impérissable dans l'histoire de l'élection présidentielle. Pourtant, on retrouve dans sa campagne certaines des dimensions mises en avant par nos "petits candidats" actuels.
C’est le grand jour des "petits candidats". Ils auront mardi 4 avril une exposition médiatique exceptionnelle aux côtés des dits "grands candidats" grâce au débat à onze. Et dès le 10 avril prochain, date du début de la campagne officielle, tous disposeront d’une stricte égalité de temps de parole dans les médias.
Dès la première élection au suffrage universel direct de la Ve République, l’accès aux médias et notamment à la télévision est au centre de l’attention. Fin octobre 1965, avant le début de la campagne officielle, Alexandre Parodi, vice-président du Conseil d'État, fixe le principe : "L'utilisation des services de la radio et de la télévision a pour objet de permettre aux électeurs de connaître et d'apprécier, le plus largement possible et dans les conditions les meilleures, leur programme et leur personnalité."
Cette première campagne va permettre à François Mitterrand d’utiliser la télévision pour mettre en ballotage le Général de Gaulle, mais va aussi donner l'occasion à un petit candidat de se faire connaître du grand public. Son nom ne vous dira sûrement rien : il s'agit de Marcel Barbu. Et il y a des similitudes entre ce premier petit candidat et les "petits candidats" actuels. À deux semaines du premier tour de l'élection en 1965, Marcel Barbu se présente avec une petite pirouette rhétorique plutôt bien pensée : "Dans un ou deux journaux, il a été fait état de mon air de chien battu. Mais je suis effectivement un chien battu et battu depuis cinquante-huit ans. Et il y a des chiens battus en France en quantité astronomique, c'est même sur eux que je compte pour peser de tout mon poids au cours de l'élection présidentielle. Et je dois avouer qu'en quelques jours, il s'avère que ce pas risque d'être extraordinaire. Les humbles, les petits n'ont aucun moyen de s'exprimer, je suis le candidat des chiens battus."
Maltraité par les médias et pétri de certitudes
Marcel Barbu a le sentiment d’être maltraité par les médias et affiche une volonté de représenter le peuple qu’on n’entendrait jamais, le peuple des "chiens battus". Avec au passage, la certitude de réaliser un énorme score. On a là les trois dimensions mises en avant par les petits candidats, hier comme aujourd’hui.
Selon Alain Peyrefitte, le général de Gaulle avait dit à son sujet : "En réalité, il n’y en a qu’un qui soit sympathique, c’est Barbu. C’est un brave couillon, il y en a beaucoup qui doivent se reconnaître en lui." En fait pas tant que ça, il totalisera 1,15 % des voix et terminera bon dernier de l'élection.
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