Cet article date de plus de sept ans.

Histoires d'Info. Le vote utile, hier meilleur allié, aujourd'hui pire ennemi du Parti socialiste

Benoît Hamon, mercredi, a une nouvelle fois rejeté l'idée du vote utile, craignant qu'il ne lui nuise dimanche 23 avril lors du premier tour de la présidentielle. Pourtant, dans l'histoire de la Ve République, ce vote utile a plutôt profité au PS.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une du magazine "Le Nouvel Observateur" du 18 au 25 avril 1981. (Le Nouvel Observateur)

Lors d'un ultime meeting place de la République à Paris, mercredi 19 avril, Benoît Hamon, le candidat socialiste à la présidentielle, a une nouvelle fois rejeté l'idée du vote utile, craignant qu'il ne lui nuise dimanche prochain, au premier tour de l'élection.

Dans l’histoire de la Ve République, que le candidat socialiste ait tout à perdre du vote utile est une anomalie. Traditionnellement, à la veille du premier tour, il est en effet le mieux placé pour porter les espoirs de la gauche. Ainsi, tout naturellement, il en appelle au "vote utile" même si l’expression, un peu péjorative il est vrai, n’est pas toujours prononcée.

Le 24 avril 1981, à deux jours du premier tour, François Mitterrand souhaite ainsi capter les électeurs tentés par le communiste Georges Marchais : "Je suis le seul candidat de la gauche qui soit en mesure de l'emporter. Les voix qui se disperseront sur d'autres candidats, aussi respectables soient-ils, compromettront cette victoire. Plus je serai fort dans le scrutin du premier tour et plus j'aurai des chances d'être élu pour conduire le changement."

Tous les candidats socialistes ou presque ont effectué cette démarche

Lionel Jospin en 1995 : "Ce qui est essentiel, au-delà d'autres candidatures, c'est que nous rassemblions l'ensemble des votes des Françaises et des Français qui veulent que cela change".

Ségolène Royal en 2007 : "J'appelle toute la gauche à se rassembler. Elle permettra à tous les citoyens d'avoir un vrai choix pour le second tour".

Et même François Hollande en 2012 : "En face de nous, ils n'espèrent qu'une chose : la dispersion, l'abstention, la résignation. Ne leur offrez pas ce qui serait finalement leur seule chance !"

D'autres candidatures respectables mais une dispersion des voix à éviter et un rassemblement nécessaire dès le premier tour pour favoriser la victoire finale : il est intéressant de noter que peu importe les époques, le vocabulaire est assez similaire dans la bouche de ces différents candidats. Evidemment, en 2007 et 2012, si cette stratégie a fonctionné à plein c’était aussi parce que le traumatisme du 21 avril 2002 était encore présent.

Qu’aujourd’hui Benoît Hamon conjure les électeurs à éviter le vote utile en dit donc long sur l'effondrement du Parti socialiste en cette année présidentielle...

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.