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Histoires d'info. L'union de la gauche pour faire face aux fascistes (1934-1936)

Retour sur la première union de la gauche pour faire face à la montée du facisme : en 1934, communistes et socialistes se rapprochent pour ce qui donnera le front populaire..

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des militants du Front populaire, en avril 1936. L'alliance entre communistes, radicaux et socialistes remporte les législatives. (GAMMA-KEYSTONE VIA GETTY IMAGES)

L’union de la gauche est un très vieux fantasme, à défaut d’être souvent une réalité. Retour sur la première union, pour faire face à un grave péril : le 6 février 1934, les ligues fascistes ont manifesté dans Paris et devant le Palais Bourbon où siège l’Assemblée nationale. La radio s'en fait l'écho : "La manifestation de réprobation patriote avait démarré dans une atmosphère de tension extrême, des perturbateurs s'y étant infiltrés, ce qui provoqua l'arrivée en masse de la cavalerie. Des actes d'une violence inouïe ont déclenché l'arrivée des fusils-mitrailleurs. C'est tard dans la nuit que cette manifestation fut maîtrisée. On déplore douze morts et des centaines de blessés."

Immédiatement, la gauche française se mobilise contre ce qu’elle appelle le "péril fasciste". N’oublions pas qu’à cette date, Hitler et Mussolini sont au pouvoir aux portes de la France.

Et si le 9 février 1934, les communistes manifestent seuls, trois jours plus tard, socialistes et communistes se retrouvent ensemble, les deux cortèges s’étant finalement mêlés, ce qui n'était pas prévu au départ. Des cris "Unité, unité !" se font entendre.

Après le choc, les prémices du Front populaire

Socialistes et communistes prennent conscience que leur division aurait des conséquences dramatiques. Ils se souviennent en effet que lors des élections législatives allemandes de novembre 1932 qui portèrent Hitler à la chancellerie, l’addition des voix communistes et socialistes était nettement supérieure à celle du parti nationaliste d’Hitler.

Le contexte était bien différent, et il n’est pas question d’avoir une lecture anachronique et d’accuser la gauche d’avoir fait gagner Hitler. Reste que cette expérience joue un rôle important dans la constitution du Front populaire en vue des élections de 1936 en France.

En avril 1936, radicaux, socialistes et communistes font campagne ensemble. Maurice Thorez, le Secrétaire général du Parti communiste français prend la parole : "Camarade, le Parti communiste obéit à une préoccupation exclusive: la défense des intérêts présents et futurs de la classe ouvrière et de tous les travailleurs. Nous luttons pour la défense des libertés démocratiques menacées par le fascisme, pour le désarmement et la dissolution des ligues fascistes."

C’est Moscou qui avait permis au PCF de s’allier à des "partis bourgeois" pour faire obstacle aux fascistes. En revanche, et on l’ignore parfois, pas question d’entrer au gouvernement.

L’événement de 1936 est rare. Il faudra attendre 1997, pour que la gauche se retrouve unie pour une élection générale, qu’elle remportera d’ailleurs. En revanche, jamais d'unité à gauche pour un premier tour de présidentielle. Le problème est alors également un problème de personne : "Etre un couple, disait Oscar Wilde, c'est ne faire qu'un. Oui, mais lequel ?"

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