Histoires d'info. "Gauchistes" contre "fascistes", un air de déjà-vu dans les facs de droit
Des tensions existent aujourd'hui dans les universités françaises. Des actes de violence peuvent exister également. Des mouvements qui n'ont rien de nouveau.
Comme s’il s’agissait de commémorer Mai 68, on assiste à un retour assez inattendu des violences dans les universités. Des mots que l’on croyait appartenir aux années 1970 reviennent dans les médias : étudiants "gauchistes" qui veulent bloquer les universités, milices proche de l’extrême-droite, qualifiées de "fascistes" par les premiers qui tentent de libérer les universités à coups de battes et de coups de poing. Et tout cela dans les fac de droit de Lille II et de Montpellier.
Retour au début des années 1970 à la fac de droit d’Assas, à Paris, où le syndicat étudiant d’extrême-droite, le GUD, cherche à prendre le pouvoir en chassant ceux qu’il appelle "les gauchistes". Le GUD a notamment été créé par Gérard Longuet en décembre 1968, en réaction au mouvement de Mai 1968 et dans les ruines du mouvement politique Occident, dissout par l’État après une série d’actions très violentes.
Un choix stratégique
Occident n’était pas un syndicat étudiant, et si beaucoup de membres du GUD ne sont pas étudiants, choisir l’université comme terrain de jeu est stratégique : c’est un bon moyen d’attirer des jeunes et d’affronter directement les adversaires de gauche. Il s’agit d’abord de prendre le pouvoir à Assas, là où beaucoup d’étudiants sont déjà de droite. Prendre le pouvoir à Nanterre, à la Sorbonne ou à Censier était mission impossible. Et comme aujourd’hui, ils se présentent comme les adversaires du désordre causé par les gauchistes qui bloquent l’université.
Extrait du Journal de 20h, il y a presque 25 ans jour pour jour, le 30 mars 1973. Ça pourrait être aujourd’hui :
Le présentateur : "Le centre Assas où on enseigne le droit et les sciences économiques sera fermé jusqu'à lundi prochain. Ce matin encore le face à face entre militants gauchistes et militants d'extrème droite s'était renouvelé. une situation qui durait depuis le début de la semaine."
Le reporter : "Sept heures ce matin devant la faculté de droit et de sciences économiques rue d'Assas à Paris. Une trentaine d'étudiants du GUD, un groupe d'extrème droite arrive pour, disent-ils, défendre la faculté des gauchistes. Le recteur est présent sur les lieux depuis six heures et demie s'interpose et tente d'éviter tout affrontement. Gauchistes et éléments d'extrème droite n'en démordent pas pour autant."
Hier comme aujourd’hui, la stratégie est finalement la même. Elle est pointée ce matin par l’historien spécialiste de l’extrême droite Nicolas Lebourg dans un entretien publié dans L’Humanité. La violence médiatisée a pour but de mobiliser de nouveaux militants dans un contexte de trou d’air politique de l’extrême droite, hier comme aujourd’hui.
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