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Histoires d'info. Entre Moscou et Damas, une relation ancienne, baromètre de l'ambition russe.

Les relations entre la Russie (et avant elle, l'URSS) et la Syrie sont déjà anciennes et sont un baromètre des ambitions internationales russes 

Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le président syrien Hafez Al-Assad rencontre Leonid Brejnev, président de l'URSS, à Moscou, le 8 octobre 1980. (TASS / AFP)

Le président russe Vladimir Poutine a rencontré lundi 20 novembre le président syrien Bachar Al-Assad, en attendant un sommet tripartite Russie-Iran-Turquie dans deux jours pour trouver un règlement politique à la crise en Syrie. La Russie qui vient en aide à la Syrie, une histoire déjà vécue il y a plusieurs dizaines d'années.

En 1970, la situation est à nouveau tendue autour du plateau du Golan, arraché aux Syriens et administré par les Israéliens depuis la Guerre des Six Jours de 1967. Un dirigeant du Parti Baas au pouvoir en Syrie évoque du bout des lèvres la relation entre son pays et l’URSS : "Il y a des conseillers soviétiques, qui travaillent avec les unités militaires de l'armée syrienne. Pendant [les périodes de calme], ils transmettent leur expérience." Un simple soutien militaire, en période de paix seulement.

Un soutien au Parti Baas au pouvoir à Damas

La relation entre Moscou et Damas est déjà forte, nourrie par l’arrivée au pouvoir du Parti Baas, qui veut dire "parti socialiste de la résurrection arabe", qui partage quelques fondements idéologiques avec Moscou mais aussi une hostilité profonde à l’égard des Etats-Unis et d’Israël. Mais ce rapprochement s'explique aussi par l’intérêt porté par Moscou à l’importante minorité chrétienne orthodoxe.

Avant même l’arrivée au pouvoir du Parti Baas en 1963, dans les années 1950, la Syrie avait déjà signé avec l’URSS d’importants contrats d’armements mais aussi des contrats civils, notamment pour construire la ligne de chemin de fer entre Alep et Lattaquié ou pour développer l’irrigation dans le pays. 

L’arrivée au pouvoir d’Hafez Al-Assad en novembre 1970 va accélérer la coopération entre les deux pays. Une coopération qui sert les intérêts stratégiques russes notamment via la base militaire navale de Tartous, inaugurée en 1971, qui donne un accès aux mers chaudes pour les navires soviétiques, puis russes.

Une relation qui faiblit avec la fin de l'URSS 

Mais si Hafez Al-Assad ne veut pas être l’obligé de Moscou, il s’engage ainsi dans la guerre israélo-arabe de 1973 et dans celle du Liban en 1976 contre l’avis de Moscou. Pour autant, l’alliance entre les deux pays se renforce. En 1979, l’Egypte fait la paix avec Israël. Damas craint l’isolement, Léon Zitrone, octobre 1980 : "C'est dans cette atmosphère générale que le chef de l'Etat syrien, le général Assad est arrivé, à Moscou pour signer avec M. Brejnev, qui paraît en pleine forme, un traité d'amitié et de coopération."

A la fin des années 1980 et durant les années 1990, les liens se distendent. Au moment où la Russie décline et semble renoncer à jouer un rôle mondial.

Changement de ton au début des années 2000 avec l’arrivée au pouvoir de Poutine qui réaffirme le rôle de son pays dans le monde. Cette réaffirmation passe par la réactivation d’alliances passées, dont la Syrie. Bachar Al-Assad rencontre Poutine en 2005, et quelques mois plus tard, Poutine effacera 70% de la dette syrienne. L’année suivante, en 2006, la Russie devient le premier fournisseur d’armes de la Syrie. L’intensité de la relation entre Moscou et Damas est un bon indicateur de l’ambition internationale russe. Une ambition aujourd’hui très forte.

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