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Histoires d'info. Pourquoi avons-nous tant de mal à nous occuper de nos aînés?

Le lien entre les différentes générations a toujours été difficile en France malgré quelques tentatives, qui ont fini par péricliter il y a une trentaine d'années.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une personne tient fermement une canne. (DAMIEN MEYER / AFP)

Il y a un peu plus de trente ans, les parents de la génération des baby-boomers entrent dans la vieillesse : c’est un moment vraiment de bascule dans l’histoire démographique de la France. La question de la solidarité générationnelle se pose avec une grande acuité, d’autant que le vieux modèle des trois générations vivant sous le même toit appartient bien au passé. Cinq millions de personnes ont alors plus de 65 ans et dans les grandes villes, 20 à 30% d’entre elles vivent seules. D’où une belle idée lancée en mai 1987 : la fête des générations.

Une journaliste : "Il y a la Fête des Mères pensez-y, c'est dans 15 jours. Il y a la Fête des Pères. Il y a désormais celle des générations. Aujourd'hui, conjuguez les âges à tous les temps, lance l'association Générations mais attention, dit-elle, ce n'est pas une nouvelle journée des grands-mères, ni du troisième âge. Vous, moi, eux, nous devons faire tomber les barrières de l'âge et nous occuper des plus vieux d'entre nous."

Un membre de l'association Génération :"C'est la fête des générations. Ce sont des gens qui doivent se retrouver : les jeunes et les moins jeunes. Je vais dire simplement que s'occuper des personnes âgées aujourd'hui, c'est s'occuper de nous demain."

Une fête des générations qui ne va pas s’imposer dans le calendrier

Nous n'avons pas trouvé de traces les années suivantes. L’explication provient peut-être des propos de la grande Françoise Dolto, tenus la même année 1987 dans une émission de France Culture, Les Voix du Silence, produite et animée par Antoine Spire, le 9 mai  :

Antoine Spire : "Est-ce qu'on ne peut pas dire, d'une certaine façon, que c'est un mauvais point pour notre culture de marginaliser ces vieillards et qu'est-ce que cela signifie psychanalytiquement, cette mise à l'écart ?"

Françoise Dolto : "La peur chez les adultes. Chez les adultes, c'est la peur de la vieillesse et le fait qu'ils n'ont pas, au moment de l'adolescence, fait cette évolution qui est de devenir les égaux de ces parents, et quand ils vieillissent, savoir les materner, d'une façon qui n'est pas humiliante pour eux."

Nous ne savons pas nous comporter par rapport à nos parents

C’est en tout cas ce que pense Françoise Dolto. La peur de notre propre vieillesse et on l’a entendu notre impréparation à devenir les parents de nos parents.
Et trente ans plus tard, dans une société qui magnifie la jeunesse, cache de plus en plus la vieillesse et qui fantasme la vie éternelle, rejetant donc l’idée de la mort, on a le sentiment que ce constat est plus actuel encore qu’il y a trois décennies.

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