Histoires d'info. De l'hospice à l'Ehpad
On dit que la façon dont une société traite ses personnes âgées est toujours très révélatrice. Les choses ont beaucoup évolué au fil des époques en France.
La crise des Ehpad, les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, ramène au cœur de l’actualité nos aînés et interroge très profondément la solidarité intergénérationnelle. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, on imaginait encore que l’avenir des vieux était au milieu des leurs, dans leurs familles : "Pauvre vieux, vanné par une vie de travail. Où trouveras-tu le repos des derniers jours ? Bien-sûr il y a l'hospice, il y a l'asile. Tu y trouveras ton lit, ton assiette et peut-être un peu de tabac. Tu auras des soins et l'absence du souci et puis il te restera le regret de ce qu'aurait dû être ta vieillesse, dans la maison qui aurait été la tienne. Bien-sûr, il y a la soupe populaire et puis il te restera de la table où tu aurais dû t'asseoir au milieu des tiens...."
Moins de solidarité intergénérationnelle
Les personnes âgées ne peuvent pas rester chez leurs enfants, surtout dans les villes où l’habitat ouvrier ne permettait pas d’héberger les parents et les grands-parents incapables de vivre seuls. En revanche, à la campagne, cette solidarité entre les générations perdurait. Mais l’exode rural et l’allongement de la durée de la vie a progressivement rendu de plus en plus rare cette perspective d’une fin de vie en famille pour les personnes âgées dépendantes. Et les hospices tant décriés n’ont pas disparu.
Des hospices profondément modernisés
C’est l’un des grands enjeux des Trente Glorieuses pour l’État Providence. Une archive de 1959 préfigure parfaitement les efforts entrepris dans la décennie suivante : "Déjà les vieillards ont à leur disposition certaines maisons de retraite aussi accueillantes que celle-ci. Là, les pensionnaires ont une vie collective heureuse mais ils ont aussi leur vie privée qu'ils arrangent comme ils l'entendent."
Il faudra attendre 1975 pour que l’hospice disparaisse officiellement et avec lui l’image dégradante du mouroir. La loi du 30 juin 1975 donnait un délai de dix années aux pouvoirs publics pour assurer la transformation des hospices en maison de retraite médicalisée ou non. Il aura fallu près de 30 ans pour réaliser cet objectif avec les Ehpad nés en 2002. Quinze ans plus tard, le manque criant de moyens fait ressurgir la vieille image de l’hospice et avec lui le mauvais traitement des personnes âgées, mais aussi plus profondément et plus confusément peut-être, notre propre sentiment de culpabilité à l’égard de nos aînés, de ceux qui nous ont élevé et qui quittent les rives de l’existence loin de nos yeux.
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