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Histoires d'info. Comment parlait-on des violences urbaines il y a 35 ans?

Les premières grandes émeutes urbaines ont lieu en juillet 1981 aux Minguettes à Vénissieux, près de Lyon. L'occasion de se pencher sur le traitement médiatique de ce type d'actualité.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une voiture brûlée à Venissieux le 10 juillet 1981. (NOVOVITCH / AFP)

Le traitement médiatique des émeutes urbaines à l'aube des années 80 était quelque peu différent. Nous sommes au mois de juillet 1981. Ce n’est pas la banlieue parisienne qui a connu les premières grandes émeutes mais la banlieue lyonnaise. En 1979, Vaulx-en-Velin avait connu de graves échauffourées, elles sont plus graves encore aux Minguettes à Venissieux deux ans plus tard. Jacques Thévenin, présentateur du journal de France Inter, le 23 juillet 1981 : "Le quartier des Minguettes a connu nouvelle nuit de violences. Une véritable mini-émeute a opposé quelques 150 habitants de la cité, pour la plupart des jeunes maghrébins à la police qui venait arrêter trois cambrioleurs. Le racisme s'en mêle. Le taux de maghrébins est tel que beaucoup d'habitants s'en vont."

Et dans la foulée, TF1 se rend aux Minguettes pour comprendre ce qui se joue dans la cité, une cité qui a "inventé" les voitures brûlées. La parole est d’abord donnée aux vieux joueurs de boules du quartier. Des propos sans filtre :

–  "Qu'est-ce que vous pensez des jeunes ici ?"

Il y a trop de bougnoules dans le quartier. Ils volent tout. Ils sont là que pour piller les caves. Vous pouvez filmer c'est vrai.

extrait d'un reportage de TF1

Aujourd’hui, sans doute certains le pensent encore, mais nous sommes à peu près persuadés qu’on ne passerait plus de tels propos sur une grande chaîne, sinon pour se moquer de ceux qui les profèrent, dans le style Quotidien ou Le Petit Journal. A l’époque, ce n’est pas du tout le cas, ces propos ne choquent pas particulièrement, en tout cas, ils ne sont pas diffusés pour choquer.


TF1 donne également la parole aux jeunes, et là, ce sont des propos qu’on entend encore largement aujourd’hui : "Les jeunes cassent, d'accord, mais qu'est-ce qu'ils ont comme loisirs ici ?  Il faudrait aussi dire qu'il n'y a qu'une minorité qui cassent et on généralise ici, les vieux plus tôt. Ce qu'ils disent, c'est pour nous achever. Ils ne veulent pas comprendre les jeunes. Pour eux, c'est tous des délinquants."

35 ans plus tard, les boulistes ont quitté les quartiers sensibles, mais reste un même et inquiétant constat : celui d’une violence endémique et d’un dialogue de sourds entre la jeunesse de ces quartiers et le reste de la société française.

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