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Histoires d'info. "Comme il se doit, je déclare la cérémonie ouverte. Voilà." Jean Gabin, en 1976, pour les premiers César

Alors que la 44e édition des César se déroule vendredi 22 février, retour sur cet événement, né le 3 avril 1976. Une cérémonie qui était à la hauteur de son metteur en scène, Jacques Demy, faite de bonheurs et de drames.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Les acteurs Serge Reggiani, à gauche, Romy Schneider, au centre avec le César et Michel Piccoli, au Palais des congrès, en 1976 pour la première cérémonie des César. (AFP)

C'est Jean Gabin qui est le président de cette première cérémonie des Césars, en 1976. C’est déjà très émouvant, quand on sait que l’acteur s’éteindra quelques mois après seulement. La cérémonie est diffusée à la télévision, sur Antenne 2. Le service public retransmettait cette cérémonie inventée par le producteur George Cravenne qui avait fondé l’année précédente l’Académie des arts et techniques du cinéma, et qui a donc imaginé une cérémonie calquée sur celle des Oscars qu’il admirait infiniment.

La diffusion à la télévision ne va pas de soi à l'époque. Elle signifie l’apaisement des relations entre le cinéma et la télévision après des tensions très fortes sur la question du financement et de la diffusion, en 1975. 

Une cérémonie plus courte à l'époque avec moins de Césars

On remet moins de Césars, 13 contre 21 aujourd’hui, pas d’espoirs masculins et féminins, par exemple, en 1976. Du coup, c'est une cérémonie bien plus courte, 1h30 seulement. Il faut dire que les remettants ne font pas de sketchs, et les récompensés ne lisent pas de discours interminables. L’objet remis aux vainqueurs est un César mais ce n’est pas encore la compression qui apparaît l’année suivante. On ne pleure pas en 1976. L’émotion est encore une chose intime au milieu des années 1970.

Une cérémonie où le tragique affleure

On ne pleure pas, mais je peux vous dire que c’est très émouvant de revoir cette cérémonie. Une cérémonie mise en scène par Jacques Demy où se mêlent comme dans ses films le bonheur et le drame.

Le bonheur, c’est la remise du César de la meilleure musique de film au génial François de Roubaix pour Le Vieux Fusil. Le drame c’est sa mort accidentelle survenue six mois plus tôt et l'arrivée surprise de son père sur scène, trop ému pour parler, afin de récupérer le César de son fils des mains d’un Michel Legrand, compositeur, lui-même très touché.

Mais c’est aussi Romy Schneider, meilleure actrice pour son rôle dans L’important c’est d’aimer. Romy qui se jette dans les bras d’Yves Montand telle Rosalie dans ceux de César. D'un César à l'autre et ses propos qui rendent un hommage émouvant à un immense cinéaste.

Je vous remercie beaucoup. Je suis très heureuse et très fière. Et j'ai envie de vous dire que je pense spécialement à un homme ce soir, qui m'a appris mon métier, qui était mon maître et qui était mon très grand ami et qui sera content pour moi. C'est Luchino Visconti.

Romy Schneider

Visconti est le réalisateur italien qui lui avait permis de tuer la Sissi de son enfance quatre ans plus tôt, et qui venait également de disparaître, en mars 1976.

Mais c’est aussi les deux acteurs Jean Gabin et Michèle Morgan réunis sur scène pour remettre le César du meilleur film au Vieux Fusil. Au second plan, leur tendre baiser, eux, qui furent amants quelques années après Quai des Brumes, un amour qui s’était achevé sur les brumes d’un quai de gare, en 1941.

Alors, c’est sûr que pour cette 44ème cérémonie, il n’y aura pas Jean Rochefort, Michel Legrand, Jean Gabin, Marie-France Pisier, Jean-Claude Brialy, Serge Reggiani ou Romy Schneider, tous sur la scène du Palais des congrès en 1976, mais le vœu de l'actrice suédoise, Ingrid Bergman, formulé a bien été réalisé. "Je souhaite une longue et heureuse vie aux Césars. Et quand ils grandiront, ils prendront une grande importance pour le cinéma français et aussi pour le cinéma mondial."

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