En 1975 on se bagarrait sur un parking contre le travail dominical
Le 20 octobre 1975, la radio française raconte une histoire surprenante. La veille, dans la banlieue nord de Paris, le parking d'un grand magasin s'est transfomé en ring de boxe. Détail important, le 19 octobre 1975 était un dimanche.
Un débat relancé dans les années 1970
Sur le parking du Conforama de Garge-Lès-Gonesse, deux équipes s'affrontent. Les défenseurs face aux pourfendeurs du travail dominical. Si on ne sait pas quelle équipe sort vainqueur, la bagarre est violente, quatre personnes finissant à l'hôpital...
C'est ainsi au milieu des années 1970 surgit le débat sur le travail dominical. L'anarchie règne un peu, et ce sont les magasins de bricolage et d'ameublement qui ouvrent les hostilités, souvent au mépris de la loi.
Jusqu'alors, à part quelques dérogations dans l'alimentaire ou la santé, personne n'imaginait ouvrir les magasins le dimanche. Inscrit dans la loi depuis 1906, et appliqué véritablement depuis 1919, le repos dominical, qui permet non pas d'aller à l'Eglise la République étant laïque, mais de se reposer et profiter de sa famille, paraît indéboulonnable.
Toutefois, il ne fait pas que des heureux. Les magasins étant fermés, les enfants s'ennuient le dimanche comme le chantait Charles Trenet en 1938.
Le vif débat des années 1970 se heurte à la fin de non recevoir des syndicats. Marc Blondel, futur secrétaire général de la CGT, évoque en 1979 les deux arguments qui sont aujourd'hui encore ceux des opposants à l'ouverture dominicale.
"Les employés de commerce sont très attachés à la fermeture du dimanche qui leur permet d'avoir un jour de repos, et puis cela ne changerait rien quant au consommateurs ! "
Entre principe et dérogations, le travail du dimanche s'installe
Il faut attendre 1992 pour que le gouvernement tranche, mettant ainsi un terme à l'anarchie entourant ce sujet. Si le principe du repos dominical est entériné, le texte prévoit de nombreuses dérogations. Martine Aubry, la ministre du travail s'en explique :
"Pas de remise en cause du repos dominical, mais les prises en compte de situations nouvelles pour les magasins ayant un lien direct avec l'intérêt touristique"
Pour autant, la pression des commerçants a abouti à de profonds aménagements depuis 1992, comme la possibilité d'ouvrir cinq dimanches dans l'année (2007) ou de profiter d'un élargissement des zones touristiques dans laquelle les magasins sont autorisés à ouvrir le dimanche (2009). Au point qu'aujourd'hui, 29% des actifs travaillent au moins parfois le dimanche.
Emmanuel Macron, le ministre de l'économie, prône un nouvel assouplissement dans le texte qu'il présentera en conseil des ministres mercredi prochain, comme la possibilité d'ouvrir 12 dimanches par an. Il évoque également la création de "zones touristiques de dimension internationale" où la décision d'ouvrir le dimanche ne dépendrait plus du prefet, mais d'un arrêté ministériel.
A Paris, Anne Hidalgo s'y oppose fermement, ce qui promet des débats houleux sur la question. Mais cette fois-ci, le dénouement n'aura (sauf surprise) pas lieu sur le parking d'un magasin un dimanche matin....
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