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En 1947, on considérait que les animaux ne "pouvaient pas trop souffrir"

"Les animaux sont dotés de sensibilité" a dit l'Assemblée nationale mercredi soir. Un grand pas en avant lorsqu'on sait qu'on a longtemps considéré que les animaux ne "pouvaient pas trop souffrir". Mais le statut spécifique entre l'homme et l'objet voulu par les associations n'est cependant pas créé.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Élevage de poussins à Willgottheim © Maxppp)

 En 1947, l'émission Tribune de Paris organise un grand débat sur un sujet  nouveau pour l'époque. "Les animaux ont-ils une âme ?" et au moment de conclure, un psychologue traduit l'état d'esprit général de l'époque. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ses mots feraient bondir tous les défenseurs des animaux actuels, PETA et Brigitte Bardot en tête :

Si l'animal n'a pas d'âme alors comment s'explique le problème de la souffrance chez les animaux ? demande le journaliste.

Et le psychologue de répondre :

"Je serais porté à croire que nous amplifions beaucoup la souffrance car elle croit dans la proportion de la conscience. Et l'animal est moins cosncient que sa souffrance que nous-mêmes."

Dans les années 1960, les progrès de l'élevage intensif, industriel, en batterie se font dans l'indifférence quasi générale. Le bien-être animal n'est pas l'enjeu principal, ce qui importe, c'est de nourrir une population de plus en plus nombreuse, et de garantir des revenus aux agriculteurs.

Les mécanismes de la PAC lancée en 1962 vont dans ce sens et incitent les agriculteurs, à qui sont garantis des prix fixe, quelle que soit la quantité produite, à produire toujours davantage.

Les animaux domestiques priviligiés

Et dans ces années-là, lorsque timidement on évoque la question de la souffrance animale, on se désintéresse totalement des poules ou des boeufs. On parle presque uniquement des animaux domestiques, ce qui est loin d'être une nouveauté. La première loi de protection des animaux domestiques date de 1850.

C'est la loi Grammont et à une époque où les enfants descendaient dans les mines, la maltraitance envers les animaux était passible de sanctions allant jusqu'à la prison. Victor Hugo en avait été l'un des grands précurseurs, lui qui présidait alors la ligue contre la vivisection.

La mobilisation de l'opinion publique contre la souffrance animale profite dans les années 1970 de l'aura d'une figure médiatique très populaire, Brigitte Bardot. En 1976, elle se lance dans le projet de sa vie, participer à la sauvegarde des animaux :

"Je suis en train de faire la chose la plus importante de ma vie, la fondation Brigitte Bardot qui sera destinée uniquement à la sauvegarde des animaux !"

Ce sont les années de la prise de conscience, et elle aboutit notamment en 1978 à la déclaration universelle des droits de l'animal proclamée à l'UNESCO (qui ne la reconnaît toutefois pas). C'est une déclaration qui s'attache à dénoncer la souffrance animale y compris dans l'élevage, un tabou à l'époque. L'article 5 alinéa 3 dit ainsi :

Toutes formes d'élevage et d'utilisation de l'animal doivent respecter la physiologie et le comportement propres à l'espèce.

Deux ans plus tard, le prix Nobel de Physique, Alfred Kastler, grand défenseur de la cause animale pose une question qui aujourd'hui encore n'est pas réglée.

On a longtemps considéré l'animal comme un objet et non pas comme un sujet

35 ans plus tard, l'Assemblée nationale vient de reconnaitre que les animaux sont dotés de sensibilités, mais elle n'est pas allée jusqu'au bout et n'a pas, comme le souhaite les associations écologistes, créé un statut spécifique pour les animaux, entre l'Homme et l'objet.

Ainsi, ô surprise.... Les parlementaires nous apprennent qu'un objet peut-être doté de sensibilité.

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