Cet article date de plus de cinq ans.

Histoires d'info. 7 avril 1994, premier Sidaction : le jour où le sida fait irruption à la télévision

Le Sidaction a 25 ans. Retour sur la première édition, le jour où on a enfin parlé du sida. 

Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Clémentine Célarié embrasse un séropositif lors du premier sidaction, en 1994, pour démontrer que le sida ne se transmet pas par la salive. (INA)

Le Sidaction, le 7 avril 1994, c’est un programme exceptionnel, diffusé pendant plus de 6 heures le soir, sur les six chaînes hertziennes en même temps. Un événement organisé par les associations de lutte contre le sida et un groupe de chercheurs qui avaient fondé seulement deux mois plus tôt, en février, "Ensemble contre le Sida", pour financer la recherche et l’aide aux malades. 

Le Sidaction est organisé pour répondre à une terrible épidémie, mais aussi à l’inaction des pouvoirs publics, qui provoque la colère de Christophe Martet, représentant d’Act Up interviewé sur France Inter le 7 avril 1994, jour du premier Sidaction.  

Si l'émission se fait qu'aujourd'hui c'est bien parce que les politiques n'ont pas fait grand-chose depuis 13 ans. Et c'est aussi pour ça que la France est le pays le plus touché d'Europe

Christophe Martet

France Inter, 7 avril 1994

Avec ce soir-là 23 millions de téléspectateurs, le succès médiatique est exceptionnel. Le sida s’invite dans tous les foyers, et c’était l’objectif. Une soirée où les témoignages alternent avec un vrai souci de pédagogie, un souci qui reste encore présent quand on voit qu’actuellement un jeune sur sept croit que le sida se transmet par la salive, par un simple baiser. A l’époque, c’était encore bien plus. D’où ce geste imprévu et magnifique de Clémentine Célarié, un geste que personne n’a oublié. La comédienne embrasse sur la bouche un jeune homme séropositif. 

Rappelons que le virus est en quantité trop faible dans la salive, la sueur, les larmes, les vomissures ou l’urine pour être transmis.

La déception de Line Renaud

Le soir même, les dons récoltés apparaissent comme décevants pour les organisateurs. C'est bien moins que le Téléthon, ce qui en dit long sur la peur que cette maladie suscite et le sentiment diffus chez beaucoup que les malades l’ont bien cherché, et que malgré tout ce qui est dit dans la soirée, ça ne concerne pas tout le monde.

Le soir même, la vice-présidente d’Ensemble contre le sida, Line Renaud, est déçue : "Bien sûr que je suis déçue, mais on a si peu d'argent... Le peu qu'on a, on va être contents avec, mais évidemment on aurait aimé plus." Mais dans les jours qui ont suivi, les dons ont afflué pour atteindre plus de 300 millions de francs.

La bataille était loin d’être gagnée. Il y a 25 ans le premier Sidaction avait eu le mérite de faire connaître une maladie encore largement méconnue et marquée par un immense tabou. Aujourd’hui, le combat continue, la campagne de cette année s’intitule : "N’oublions pas que le virus du Sida est toujours là".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.