Cet article date de plus de neuf ans.

1985: les USA demandent l'aide de la France dans la lutte contre le terrorisme

A front renversé. En 1985, les États-Unis demandent l'aide de la France dans la lutte contre le terrorisme. Moins d'un an plus tard, la France répond dans les actes.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Retour le 29 juin 1985. Le vice-président américain George H.W. Bush, s’apprête à s’envoler pour l’Europe, plus précisément l’aéroport de Francfort pour y accueillir 39 otages américains, dont l’avion de la compagnie TWA qui devait relier Athènes à Rome avait été détourné deux semaines plus tôt vers Beyrouth. Les terroristes exigeaient la fin de la présence américaine au Moyen-Orient et la libération des arabes détenus dans les prisons israéliennes.

Après Francfort, George Bush s’apprête à se rendre à Paris. Avant de s’envoler pour l’Europe, le vice-président américain explique le but de cette halte française :

"Ce dont je vais parler avec mes interlocuteurs français, s'ils en sont d'accord, c'est ce que nous pouvons faire ensemble pour lutter contre le terrorisme, comment concerter nos efforts. Quand on a affaire avec quelque chose de totalement anarchique, tyrannique, il est difficile de sauvegarder la vie de nos concitoyens. Nous devons travailler très étroitement avec la France de façon à pouvoir façonner quelque initiative qui sera soutenue dans le monde entier."

L’appel du pied des Etats-Unis n’aura guère de conséquences réelles, au-delà des grands discours.

Ainsi, moins d’un an plus tard, quand les Etats-Unis se décident à aller frapper la Libye de Kadhafi, accusée à juste titre de financer le terrorisme international, la réaction de la France ne dessine pas vraiment les contours d’une grande coopération.

Jean-Bernard Raimond ministre des Affaires étrangères prend la parole à l’Assemblée nationale, le 16 avril 1986:

"Les Américains nous ont demandé le survol de notre territoire pour les appareils qui devaient effectuer l'opération envisagée contre la Libye. La réponse qui a été faite au nom de la France a été la suivante: il ne nous est pas possible de donner une telle autorisation, mais nous sommes prêts, immédiatement, à une consultation avec vous sur les mesures propres à faire face au terrorisme, à ceux qui le soutiennent, l'inspirent ou le suscitent. La réponse américaine a été qu'il n'y a pas de temps pour cela. Les Américains ont tenu à assumer seuls la responsabilité ."

Les F111 américains basés au Royaume-Uni devront faire un long détour pour arriver au-dessus de la Libye.

François Mitterrand, plus que son premier ministre Jacques Chirac, avait envoyé un message aux américains et à son président Ronald Reagan : on ne pouvait lui forcer la main dans sa politique arabe et africaine.

Trente ans plus tard, à front renversé, c’est la France qui vient demander aux Etats-Unis de changer de stratégie pour l’aider à lutter contre le terrorisme qui l’a frappée…

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.