1985: les USA demandent l'aide de la France dans la lutte contre le terrorisme
Retour le 29 juin 1985. Le vice-président américain George H.W. Bush, s’apprête à s’envoler pour l’Europe, plus précisément l’aéroport de Francfort pour y accueillir 39 otages américains, dont l’avion de la compagnie TWA qui devait relier Athènes à Rome avait été détourné deux semaines plus tôt vers Beyrouth. Les terroristes exigeaient la fin de la présence américaine au Moyen-Orient et la libération des arabes détenus dans les prisons israéliennes.
Après Francfort, George Bush s’apprête à se rendre à Paris. Avant de s’envoler pour l’Europe, le vice-président américain explique le but de cette halte française :
"Ce dont je vais parler avec mes interlocuteurs français, s'ils en sont d'accord, c'est ce que nous pouvons faire ensemble pour lutter contre le terrorisme, comment concerter nos efforts. Quand on a affaire avec quelque chose de totalement anarchique, tyrannique, il est difficile de sauvegarder la vie de nos concitoyens. Nous devons travailler très étroitement avec la France de façon à pouvoir façonner quelque initiative qui sera soutenue dans le monde entier."
L’appel du pied des Etats-Unis n’aura guère de conséquences réelles, au-delà des grands discours.
Ainsi, moins d’un an plus tard, quand les Etats-Unis se décident à aller frapper la Libye de Kadhafi, accusée à juste titre de financer le terrorisme international, la réaction de la France ne dessine pas vraiment les contours d’une grande coopération.
Jean-Bernard Raimond ministre des Affaires étrangères prend la parole à l’Assemblée nationale, le 16 avril 1986:
"Les Américains nous ont demandé le survol de notre territoire pour les appareils qui devaient effectuer l'opération envisagée contre la Libye. La réponse qui a été faite au nom de la France a été la suivante: il ne nous est pas possible de donner une telle autorisation, mais nous sommes prêts, immédiatement, à une consultation avec vous sur les mesures propres à faire face au terrorisme, à ceux qui le soutiennent, l'inspirent ou le suscitent. La réponse américaine a été qu'il n'y a pas de temps pour cela. Les Américains ont tenu à assumer seuls la responsabilité ."
Les F111 américains basés au Royaume-Uni devront faire un long détour pour arriver au-dessus de la Libye.
François Mitterrand, plus que son premier ministre Jacques Chirac, avait envoyé un message aux américains et à son président Ronald Reagan : on ne pouvait lui forcer la main dans sa politique arabe et africaine.
Trente ans plus tard, à front renversé, c’est la France qui vient demander aux Etats-Unis de changer de stratégie pour l’aider à lutter contre le terrorisme qui l’a frappée…
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