Adama, 18 ans, lycéenne à Pantin : "J'ai l'impression qu'on est mis à l'écart par rapport aux autres quartiers"

Mardi 28 septembre, une trentaine d'élus locaux ont écrit  au Premier ministre Jean Castex pour dénoncer le "mépris" ressenti par la Seine-Saint-Denis après le déplacement de toxicomanes à la lisière de ce département pauvre. Pour les empêcher d'accéder à Pantin et à Aubervilliers, un mur a été construit pour boucher le tunnel qui permettait de relier les deux villes. 

"On ajoute de l'insécurité à un quartier déjà chaud à la base"

Adama, 18 ans, est en classe de terminale au lycée technologique Marcelin Berthelot à Pantin. Elle est née aux Quatre-Chemins, un quartier à cheval entre Pantin et Aubervilliers. "C'est un quartier que j'aime bien. Je suis née ici, j'ai grandi ici, j'ai mes amis ici. On est bien entouré même si on n'est pas vraiment en sécurité maintenant", confie-t-elle, avant d'ajouter : "On ne peut pas s'ennuyer aux Quatre-Chemins". 

Mais l'installation des toxicomanes au square de la Villette, à quelques pas de chez elle, ajoute de "l'insécurité" à un "quartier déjà assez chaud" à la base, selon Adama. "La venue de ces personnes du 19ème arrondissement de Paris, je pense que ça va être vraiment électrique", précise-t-elle.

"C'est un tunnel qu'on a tous emprunté, même quand on partait en voyage scolaire quand on était petits."

Adama, lycéenne à Pantin

"J'ai l'impression qu'on est vraiment mis à l'écart par rapport aux autres quartiers", regrette Adama, 18 ans. Elle observe cependant que efforts ont été faits : "Je vois de plus en plus la police intervenir", note-t-elle. Mais le transfert des consommateurs de crack Porte de la Villette, "je ne pense pas que ça soit une bonne solution. Ca va peut-être empirer les choses", déclare la lycéenne. 

"Il faut ramener de la paix dans ce pays"

Même si "tout va plutôt bien", Adama espère pour son quartier "plus de sécurité" pour l'avenir. En parlant d'avenir, Adama espère "juste réussir" et ne s'imagine pas vivre encore à Pantin et Aubervilliers. "Je ne vois pas ma vie ici. J'ai envie de faire une expérience de rupture avec mon enfance", confie-t-elle, avant d'ajouter : "J'ai envie de voir autre chose que les Quatre-Chemins". "Pourquoi pas aller en Amérique ?", s'interroge la lycéenne.

À tout juste 18 ans, Adama pourra voter pour la première fois à l'élection présidentielle de 2022. "Je m'intéresse de plus en plus à la politique en regardant des vidéos sur Youtube et des débats", explique-t-elle. "Cela serait bien qu'on arrête avec les préjugés et le racisme qui se développent de plus en plus. Il y a de plus en plus de clichés", dit-elle, avant de conclure : "Il faut ramener de la paix dans ce pays".