1914-1918, franceinfo y était. 9 novembre 1918 : L'Allemagne devient une République
Cent ans après la Première guerre mondiale, franceinfo raconte les événements clés de 1914-1918 comme s'ils venaient de se passer. Aujourd'hui, "L'Allemagne devient une République".
Le drapeau rouge hissé au cœur de l’Allemagne, le chef de l’État en fuite, l’agitation révolutionnaire qui bouillonne dans le pays depuis quelques jours a gagné Berlin. Plusieurs manifestations ont lieu aujourd’hui dans la capitale. L’Empire allemand, semble-t-il, n’existe plus. L’empereur Guillaume II vient d’abdiquer et la République a été proclamée. Mais quelle république ? C’est toute la question. Baptiste Schweitzer, vous êtes à Berlin, et la situation cet après-midi n’est pas sans rappeler ce qui s’est passé en Russie il y a un an…
C’est à une véritable révolution que nous assistons à Berlin en ce moment. Tout au long de la journée, à l’image de ce qui s’est produit dans d’autres villes allemandes, de multiples colonnes d’ouvriers ont marché en ce samedi sur la capitale ; ils occupent plusieurs bâtiments publics et on a pu par endroits pu apercevoir des soldats fraternisant avec les insurgés. Je me trouve à présent devant le Palais impérial, sur la Spreeinsel, l’île située sur la rivière de Berlin, en plein milieu de la capitale allemande. Des milliers de personnes, dont beaucoup d’ouvriers, sont venues écouter Karl Liebknecht, le compagnon de route de Rosa Luxembourg, le leader de la Ligue spartakiste d’extrême gauche, qui vient, il y a quelques minutes, de hisser le drapeau rouge sur l’un des balcons du palais, symbole de la chute de l’Empire allemand. Il a surtout dans un discours prononcé l’acte de naissance de la république socialiste libre d’Allemagne. La domination des Hohenzollern qui ont vécu pendant des siècles dans ce château est terminée. "À cette heure nous proclamons la libre république socialiste d’Allemagne", a-t-il conclu. À la fin de ce discours, aux cris de "Vive la République", ce sont des milliers de mains qui se sont solennellement levées en signe d’allégeance à cette nouvelle république.
Tout cela est tout de même très confus car il y a une autre proclamation de république à Berlin aujourd’hui, mais il ne s’agit pas d’une république socialiste…
Vers 14 heures, alors qu’une foule compacte d’hommes et de femmes s’avançait vers le Reichstag, un autre lieu symbolique du pouvoir situé à seulement quelques kilomètres du Palais impérial, Philipp Schneidermann est apparu à la fenêtre ouest du parlement allemand dans un costume gris, redingote et cravate, tenant une simple feuille à la main. L’un des leaders des socialistes du SPD (le pati social-démocrate d’Allemagne) s’est adressé à la foule : "Le vieux et le pourri, la monarchie s’est effondrée. Vive le neuf, vive la République allemande !" Des tonnerres d’applaudissements ont ponctué ce discours. Une chose est sûre dans cette situation très confuse : la monarchie allemande a vécu, l’empereur Guillaume II vient de quitter le pays et se serait réfugié aux Pays-Bas.
Précisons que le tout nouveau chancelier allemand nommé ce matin, Friedrich Ebert, chef du SPD, a qualifié la proclamation de la république en Allemagne de "crime légal."
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