1914-1918, franceinfo y était. 11 novembre 1918 : L'armistice et la paix

Le silence règne sur le front. On n’entend plus ni les canons ni les obus. Les soldats ne tombent plus. L’armistice a été signé ce matin tôt dans un wagon de la forêt de Rethondes. Il est entré en vigueur à 11 heures. C’est donc plus de quatre ans de massacres et d’angoisses qui ont pris fin depuis quelques dizaines de minutes. Et si le tonnerre de la guerre a cessé sur le front, le tumulte de la paix se déchaîne à l’arrière : Paris est en liesse depuis ce matin. Hélène Lam Trong, vous êtes place de la Concorde. Exercice difficile… pouvez-vous nous décrire cette joie incommensurable qui s’est emparée de tous ?

Ici, c’est une explosion de joie, de larmes, de chants ! Et on ne distingue plus les routes des trottoirs tant la foule est compacte. Ils se sont littéralement jetés dans les rues, les Parisiens, pour célébrer la fin de ces quatre années de combats, de ces quatre années de privations. Et comme par magie, ces rues de Paris si calmes, si sombres depuis le début de la guerre, semblent avoir retrouvé leurs couleurs, celles du drapeau tricolore qui inonde les fenêtres et les devantures des boutiques, le bleu, le blanc et le rouge, les couleurs de ceux des pays alliés également. Il y a des fleurs partout et elles ont déjà remplacé, à l’heure où je vous parle, place de la Concorde, le voile noir qui endeuillait la statue de la ville de Strasbourg depuis plus de quarante ans.

On a rarement vu pareille liesse à Paris...

Il faut dire que le conseil municipal a mis les bouchées doubles pour faire de ce 11 novembre un jour mémorable. Des milliers d’affiches ont été placardées qui appellent les habitants de Paris à donner libre cours à leur joie, célébrant la République et la France immortelle. Des journaux imprimés à la vitesse de l’éclair à peine la nouvelle connue ont été vendus à la criée d’un bout à l’autre de la capitale. Aujourd’hui, on entend plus qu’un tourbillon de sirènes, de cloches, de clairons ; des hommes, des femmes et des enfants, souvent de parfaits inconnus les uns pour les autres, s’embrassent et chantent comme un seul homme la Marseillaise ou la Madelon. La guerre est finie, et ici, en plein centre de Paris, comme dans toutes les villes de France, on ne pense plus à hier, pas encore à demain, mais seulement à la paix retrouvée.