Cet article date de plus de dix ans.

La France face à ses langues régionales

Ce débat existe depuis vingt ans. La ratification de la Charte européenne des langues régionales, débutée mercredi à l'Assemblée Nationale, réintroduit le sujet. Vote solennel attendu mardi. Mais de quoi parle-t-on concrètement et quels sont les véritables enjeux ? Analyse.
Article rédigé par Frédéric Martel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

Cela fait 20 ans que ce débat
existe. C'était d'ailleurs la 56ème proposition du candidat François Hollande. L'objectif ? Protéger un
patrimoine linguistique et non pas reconnaître des droits linguistiques particuliers.
Mais juridiquement, cette Charte européenne des langues régionales s'avère complexe. Elle heurte l'article 2 de la Constitution qui précise que "la langue de la République est le français". Elle impose donc de prendre une loi constitutionnelle, et non une simple loi, pour ratifier cette charte européenne des langues régionales. Il faudrait donc un projet de loi, voté par les deux assemblées réunies en Congrès à Versailles, et une majorité des 3/5ème. On en n'est pas là. Pour l'heure, il s'agit juste de "se compter", le vote solennel de mardi en sera la première étape. Si la proposition de loi est adoptée à une large majorité, le gouvernement représentera un projet de loi, et réengagera tout le processus parlementaire.

Sur le plan politique, le débat est loin d'être clos. Pour certains parlementaires, cette Charte ouvre la boîte de Pandore des revendications identitaires ; pour d'autres, elle met fin au "génocide linguistique commis par l'Etat jacobin". Henri Guaino (UMP), par exemple, parle de retour aux "principautés et aux féodalités du Moyen-Age", tandis que Marion Maréchal-Le Pen (FN) y voit un "risque majeur de balkanisation de la République".

Mais ne serait-ce pas surtout une manière de sortir enfin de l'hypocrisie qui a longtemps vu la France défendre la diversité culturelle et linguistique en dehors de ses frontières mais rarement sur son propre sol ? 

Et n'est-il pas temps de passer d'une diversité contrariée à une diversité assumée ?

Débat et vote solennel ce mardi.

 

* Pour aller plus loin :

 

** Et aussi : *

et lecture recommandée : celle du très beau récit de Mona Ozouf, Composition française (Folio) où l'historienne de la République et de la Révolution française raconte son enfance bretonne - et la fin des terroirs français.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.