Français du monde. Vous cherchez le meilleur job du monde ? On l'a trouvé en Indonésie !
Il passe sa vie dans un hamac ou à voyager, travaille le moins possible et pourtant son idée de produire à Bali des hamacs en toile de parachute est devenu un succès mondial. La coolitude incarnée.
Ex-hippie de 51 ans qui n'a jamais cherché le profit, le bordelais Charles-Antoine Descotis, alias "Charlie", produit chaque année plus d'un demi-million de hamacs en toile de parachute, ces rectangles de nylon que les Scandinaves en particulier s'arrachent.
Le nom était déjà plein de promesses
"Ticket to the moon", un ticket pour la lune, c'est ainsi que les habitants d'une petite île d'Indonésie nomment un champignon hallucinogène qu'ils consomment sans modération. Avec son allure cool et débonnaire, Charles-Antoine Descotis a dû y goûter lui aussi. Lui qui ne voulait rien faire d'autre de sa vie que de la passer allongé se retrouve pourtant aujourd'hui à la tête d'une société en croissance de 25 à 30 % par an.
Le Français emploie plus de 400 salariés, tous Balinais : "On a déjà construit quatre usines à Bali et une à Java, on en ouvre une tous les deux ans mais tout reste artisanal." Un rectangle de nylon, deux coutures : ses hamacs sont vendus dans le monde entier, à 50 euros pièce.
"Mon style de vie a inspiré beaucoup de jeunes, témoigne-t-il, des gars qui sont partis les vendre un peu partout sur la planète, sur les marchés et dans les festivals de musique. Du coup, c'est toute une communauté qui s'est créée autour des hamacs."
Son premier marché, c'est la Norvège
Avec 100 000 hamacs par an, le pays représente 20% de ses ventes à l'année. "Les Scandinaves sont très branchés outdoor (activités extérieures, ndlr), explique Charlie, ils dorment dans nos hamacs au-dessus de la neige, avec un système d'isolation contre le froid et l'humidité."
Paradoxalement, l'Indonésie n'est pas un de ses gros clients : "Tout le pays représente à peine 1% de nos ventes. On ne fait que de l'export. En fait, on n'a jamais cherché à vendre. On a du mal à répondre à la demande donc on ne fait pas de publicité, on a un développement complètement organique, en particulier grâce à Internet." Et écolo avec des usines zéro déchet.
Management unique en Asie
Formé au commerce, vendeur de chariots élévateurs et de transpalettes pendant sept ans à Bordeaux, Charles-Antoine Descotis n'a pas 30 ans lorsqu'il découvre l'Inde par hasard. Il quitte tout et part s'installer là-bas. Puis ce sera l'Indonésie, l'un des plus gros producteurs de nylon au monde, où il crée "Ticket to the moon".
À Bali, on se battrait pour se faire embaucher dans ses ateliers, où les conditions de travail sont optimales : des employés payés deux fois le salaire minimum, tous intéressés aux bénéfices de l'entreprise et avec une couverture santé et retraite à la française. "Ce sont mes valeurs éthiques et morales, argumente-t-il. C'est plus une grande famille qu'une entreprise commerciale, plutôt des partenaires que des salariés. Il n'y a aucun contrôle, c'est un management particulier unique en Asie. On n'a jamais viré personne, on travaille avec les mêmes employés depuis le début."
10 % de ses salariés viennent de la tribu des Kodi, sur l'île de Sumba, un paradis méconnu des touristes, que le Français soutient grâce à la fondation "Mandorak" qu'il a créée en 2009. "On a financé une école, des campagnes de vaccination contre la malaria, creusé des puits, envoyé les enfants étudier à l'université. L'humanitaire en Indonésie tombait sous le sens pour moi mais ce ne sont pas des dons extérieurs, pas du 'charity business' à l'américaine."
L'entreprise a ainsi consacré 10% de ses bénéfices l'an dernier à ces actions. Dans un balancement paresseux, Charles-Antoine Descotis se demande sans cesse si le moment n'est pas venu d'arrêter ses affaires pour ne plus jamais avoir à descendre de son hamac.
Lui écrire : office@ticketothemoon.com
Aller plus loin
Son site internet Ticket to the Moon
Retrouvez cette chronique dans la Tribune Bordeaux, le média économique des métropoles
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