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Français du monde. Croissants et macarons français à Vancouver

On croyait l'idée obsolète. Mais se lancer dans la boulangerie-pâtisserie française au Canada peut encore être couronné de succès. 

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Langlois
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Franck Point dans son atelier de Vancouver " Il n'y a que des bons mots, les gens adorent la France ici. " (Photo DR)

On croyait l'idée obsolète. Mais se lancer dans la boulangerie pâtisserie française au Canada peut encore être couronné de succès. Comme le montre l'aventure du Lyonnais Franck Point en Colombie-Britannique. Il a aussi ouvert là-bas en 2015 une antenne de l'UFE.

Et une, et deux… et trois ! 

Au fur et à mesure, depuis novembre 2010, Franck Point a ouvert trois boulangeries à Vancouver, en Colombie-Britannique, tout à l'ouest du Canada. Il a aussi monté une cuisine centrale pour les approvisionner.
"Il y avait vraiment une attente, témoigne-t-il. Il n'y a que des bons mots, les gens adorent la France ici. Dans les boutiques, beaucoup de nos clients attendent au moins l'accent français.

"Ses boutiques s'appellent "Faubourg". Elles font aussi coffee shop et salon de thé. S'y vendent 280 000 croissants par an et 15 000 macarons chaque mois, qu'il a fait découvrir à Vancouver. "Il a fallu s'adapter au marché. Les baguettes croustillantes et les pains au lait, ça ne marche pas ici. On garde notre identité française, il y a des limites à ne pas franchir : on ne vend ni muffins, ni cookies." 

L'entreprise emploie 60 personnes, dont une quinzaine de français. Franck Point salue l'ouverture d'esprit de la Colombie-Britannique, où l'étranger n'est pas forcément perçu comme une menace mais plutôt un élément de curiosité. Ici, la moitié de la population est d'origine asiatique, comme son épouse, Linda.

Franck Point au travail à son atelier de Vancouver : " On garde notre identité française, il y a des limites à ne pas franchir : on ne vend ni muffins, ni cookies. " (Photo DR)

Des secteurs qui embauchent

Créer son entreprise à Vancouver est rapide : "Pour la première boulangerie, le banquier nous a suivis rapidement. Les portes s'ouvrent. A la troisième, personne, on a eu l'argent nécessaire. Sauf qu'on avait un peu sous-estimé les dépenses et qu'on a dû vendre notre maison en France !" 

A deux heures de Seattle, Vancouver, sur les bords du Pacifique, cultive son image écolo, qui attire beaucoup de nouveaux arrivants. "Ici, la ville s'intègre dans la nature et pas l'inverse, constate Franck Point. Lorsque vous construisez une maison, si vous devez couper un arbre, il faut l'avis d'experts puis de la mairie. Et vous en replanterez un ou plusieurs à la place." 
Beaucoup de secteurs embauchent en Colombie-Britannique : l'informatique, les jeux vidéo (Electronic Arts a son centre de recherche à Vancouver) ou le cinéma : "les sociétés de production sont exemptes de taxes quand elles viennent filmer ici. Il y a 3 à 4 tournages par jour, jusque dans nos boutiques une fois !" 

Il existe plusieurs types de permis pour venir travailler dans la province. Le plus rapide à obtenir est le visa de mobilité francophone qui encourage les jeunes à s'installer ailleurs qu’au Québec. Il s'obtient en 5 à 6 semaines.

Franck Point lors de conférence internationale de la AIDS society, pendant laquelle Faubourg à remis un cheque du montant des ventes de macarons ce jour-là dans les trois magasins.  (Photo DR)

Visites privées

Il y a deux ans, Franck Point, également conseiller consulaire, créait l'UFE Vancouver. L'association compte aujourd'hui une cinquantaine de membres.
"Ça manquait dans le paysage, se souvient-il. Chaque année, on organise un festival français de musique pour le "Bastille day", le 14 juillet. On propose aussi des visites privées comme pour l'expo Picasso au Vancouver Art Gallery, avec un guide en français." 

Franck Point raconte qu'il a décidé de s'installer en famille au Canada au cap de la quarantaine, la "middle life crisis". Né à Lyon, formé à l'école hôtelière de Nice puis à l'ESSEC (management), le Français est envoyé par le groupe Accor à Bangkok. Il y restera cinq ans, jusqu'au tsunami de fin 2004.

Sa "danseuse" à Vancouver, c'est une vieille traction Citroën 15-Six de 1953 qu'il a fait venir de France et qu'il bichonne à grands frais.
"C'est la seule de toute la côte ouest, quand on se déplace avec, on croise des regards intéressés. On est une cinquantaine de collectionneurs de voitures anciennes. Mais ça prend du temps et de l'argent." L'affaire coûte beaucoup mais rapporte aussi : garée devant les boutiques, sa voiture de collection attire immanquablement le regard des passants, et les attire à l’intérieur de ses boulangeries.

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Franck Point devant sa vieille traction Citroën 15-Six de 1953 qu'il a fait venir de France et qu'il bichonne à grands frais.  (Photo DR)

Aller plus loin

Retrouvez ce portrait dans la Voix de France, le magazine de l'UFE, l'Union des Français de l'étranger

L'UFE Vancouver

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