Cop15 biodiversité : quand un hôtel de luxe mise sur le développement durable en Malaisie
Alors que s'est ouverte cette semaine à Montréal la COP15 de l'ONU sur la biodiversité, dans le secteur du tourisme, chacun est bien conscient de l'importance de minimiser l'impact de l'activité humaine sur la nature, comme cet établissement de luxe en Malaisie.
Quelques clients allongés sur une petite plage nichée dans une crique déserte ouverte sur la mer d’Andaman, d’autres installés au bar ou au restaurant à admirer la vue à 360 degrés sur les hectares de jungle et de forêt primaire tropicale.
A première vue, le Datai, sur l’île de Langkawi, à une heure de vol de Kuala Lumpur, la capitale de la Malaisie, serait un hôtel de luxe comme un autre. Mais à y regarder de plus près, Arnaud Girodon, le Français directeur de l’établissement, a poussé loin la démarche écologique.
Construit en 1993, l’hôtel, plusieurs fois classé meilleur au monde par les magazines de voyage, a dès le début misé sur le développement durable.
"Ils avaient été très conscients, déjà à l'époque, de s'intégrer dans cette nature et de faire disparaître cet hôtel, mais en plus de ça, s'assurer qu'on la protège et qu'on fasse au mieux pour la respecter. Il faut être inconscient pour avoir une nature pareille et ne pas la protéger, et que les clients en profitent au maximum."
Bonnes actions écologistes
L’établissement a été entièrement remis au goût du jour en 2017-2018. Le Datai se targue ainsi d’être le seul hôtel de toute l’Asie à recycler la totalité de ses déchets.
"Le but c'est de ne pas perdre plus que ce qu'on perdait avant, explique Arnaud Girodon. Au contraire, on a maintenant un angle de marketing qui nous permet d'avoir d'une clientèle qui s'attache particulièrement au développement durable et qui choisit son hôtel par rapport à ça."
Ici, les bouteilles d’eau en plastique ont été remplacées par des flacons en verre.
Tous les jours, 6 à 700 flacons sont ainsi nettoyés et remplis, explique Rémi Giromella, le Français chargé du développement durable au Datai : "Quand les clients arrivent dans leur chambre, ils voient les petites bouteilles en verre et ça permet d’avoir une sensibilisation un peu plus forte sur les bonnes actions écologiques."
Et ce n’est pas tout, explique Catherine Subileau, directrice des Ateliers du voyage, qui propose, depuis la France, des séjours à l’hôtel Datai :
"A l'arrivée, tous nos clients pour la plupart vont visiter, ont un chauffeur et un guide avec leur voiture. On leur donne des gourdes à l'arrivée au lieu d'utiliser des bouteilles en plastique, avec bien sûr tous les points ou ils pourront remplir cette gourde."
Bouteilles de verre recyclées
Bien sûr, un séjour dans un hôtel 5 étoiles comme le Datai a un coût. Comptez entre 4 700 et 12 000 euros la semaine, aérien compris depuis la France, selon le niveau de l'hébergement choisi. Les clients de l’hôtel sont d’ailleurs invités à mettre la main à la pâte. Moyennant une petite somme remise à des ONG locales, ils peuvent participer à des ateliers pour apprendre à recycler des bougies ou des savons dans un lieu étonnant un peu à l’écart de l’hôtel, le "Lab" :
"C'est un bâtiment écologique qui a été fait avec des milliers de bouteilles d'alcool, un peu de champagne, de vin, de bière. Nous avons broyé toutes ces bouteilles pour les mettre sur la façade extérieure et aussi sur le sol. L'idée, c'est un peu de montrer comment on peut donner une deuxième vie à ces bouteilles avec un peu de créativité."
Le Datai a aussi construit un bassin d’assainissement de ses eaux usées avec des plantes aquatiques. Pour l’instant, seule l’énergie consommée par l’hôtel n’est pas produite sur place. Pour installer des éoliennes ou des panneaux solaires, il faudrait en effet sacrifier une partie de la forêt primaire de Malaisie. Il n’y a qu’autour du golf, à trois kilomètres de l’hôtel, que l’expérience va être bientôt tentée.
Retrouvez cette chronique sur le site, l'appli et dans le magazine de la mobilité internationale "Français à l'étranger.fr"
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