Business et mélange des cultures dans la Silicon Valley
8 ans que la jeune femme vit ici, en Californie, loin des rives du lac d'Annecy qui l'ont vue grandir, avant un master en marketing à l'Ecole de commerce de Grenoble. Alexandra Thusy-Privat, 35 ans, aujourd'hui consultante indépendante pour une société française, WDHB, dont elle a été directrice générale auparavant, c'est cela la flexibilite du travail aux USA. WDHB a eu l'idée de monter des "Learning Expeditions", voyages d'études au coeur des entreprises américaines innovantes pour des chefs d'entreprises européens et asiatiques, toujours surpris par la mentalité US. " Ce qui est marquant, c’est cette culture, où les moyens, c’est pas ce qui est important, c’est vraiment les résultats. On est à fond dans l’exécution, ce qui est une grande différence avec la culture française où on va finalement être beaucoup plus jugé sur la façon dont on va le faire, sur les idées, que réellement dans la concrétisation d’un projet. Ce qui fait qu’évidemment, pendant qu’un pays réfléchit, un autre agit. Dans la culture française, l’idée de théoriser, est très important. La concrétisation est beaucoup plus difficile à mettre en place, il y a toute une gestion du changement qui se fait beaucoup plus facilement aux Etats-Unis. En France, gérer le changement, c’est un facteur humain. " Aller de l'avant, ne pas craindre l'échec, ce sont les règles ici, dans la Silicon Valley, où Alexandra est arrivée au lendemain de l'éclatement de la bulle internet, et où elle a vu les business se réinventer sans cesse. " Aux Etats-Unis, on ne pense pas à qui est au-dessus de qui, mais plutôt « on va créer une équipe, on a un projet, une action commune ! ». Ce qui est important, c’est pas la relation « est-ce-que j’aime la personne, est-ce que je l’aime pas, est-ce qu’elle est plus importante que moi, est-ce qu’elle a fait plus de diplômes, on s’en fout ! ». On a une équipe, on a un projet, on collabore, on met en place tout ce qui faut pour réussir, et puis l’équipe peut se dissoudre complètement, et la relation n’est que secondaire. Alors qu’en France, il faut qu’il y ait une relation affective qui se créée avant de pouvoir faire quoique ce soit. " Reste que ce gôut de la relation, de l'affectif et de l'implicite, du flou dans les affaires, rapproche finalement les Européens et les Chinois, admet Alexandra. C'est ce qui fait leur chance même face à des Américains terre-à-terre. " La culture américaine est vraiment une culture explicite, très binaire : il faut que les choses soient très claires, c’est l’un ou l’autre, et tout ce qui est entre les deux, ils vont tout faire pour clarifier et que ça devienne noir ou blanc et pas gris. Dans un monde de plus en plus complexe, où c’est pas toujours évident de pouvoir clarifier tout problème, ça peut être une des forces des Français et des Chinois, de pouvoir bien naviguer dans ces zones moins claires. Du coup, on a la possibilité de faire le lien entre plein de choses, et puis cette culture de l’implicite, où les choses ne se disent pas, on est complètement à l’aise avec ça. Un Américain n’est pas à l’aise. Dans un meeting, si vous ne dites pas exactement ce que vous pensez, ou ce que vous voulez dire, personne ne va essayer de comprendre le 2ème ou le 3ème degré. Si on met un Français et un Américain ensemble, l’Américain va lire exactement ce que vous dites. " Alexandra a rencontré son mari, Guillaume, pendant ses études à Londres (qui ont abouti à un master of sciences (MSc) en Global Marketing). Lui travaillait à France Télécom Royaume Uni. Ensemble, ils ont une petite Sasha, 10 mois, à qui sa mère joue du Mozart et du Beethoven, elle s'est remise au piano, et réfléchit maintenant à monter sa propre affaire à San Francisco, autour des bébés et des mamans, forcément.
Aller plus loin
La société WDHB Depuis 1988, l’organisation de Learning Expeditions et Strategic Expeditions® en Amérique du Nord, en Asie et en Europe sur tout thème de stratégie et de management constitue l’activité principale de WDHB. Nous sommes le leader mondial de cette spécialité.
Retrouvez ce portrait dans Courrier Cadres, en kiosque, le mensuel des cadres acteurs de leur vie professionnelle.
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