Expliquez-nous le Smic, le salaire minimum

Le salaire minimum existe en France depuis 1950. Il s'est d'abord appelé salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig), pour que chaque salarié soit assuré de ne pas descendre en dessous d'un certain seuil de revenu. Il s'agissait clairement de lutter contre la pauvreté. Puis en 1970, le Smig devient le Salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic), car il faut aussi pousser la croissance, la consommation, grâce à des salaires qui ne soient pas ridicules.

Le Smic est indexé sur l'inflation afin que le revenu du smicard ne soit pas grignoté par la hausse des prix. Avec la résurgence de l'inflation ces dernières années, le Smic a été revalorisé à huit reprises depuis le début de l'année 2021. Parfois, il peut y avoir des coups de pouce au Smic pour aller au-delà du rattrapage de l'inflation. La plus grosse hausse du Smic date de 1968, après les manifestations et les grèves. Le salaire minimum augmente alors de 35%. Et en 1981, avec l'arrivée de François Mitterrand à l'Élysée, le Smic gagne 10%.

La proportion de smicards augmente en France

Dans le privé, 3 100 000 salariés, soit 17% des salariés du privé, sont payés au Smic en France. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à être payées au Smic. La proportion de smicards augmente en France : en 2010, seuls 10% des salariés du privé étaient payés au Smic. Cette augmentation s'explique parce que de nombreux emplois créés, peu qualifiés, ces dernières années sont payés au Smic. Elle s'explique également avec les revalorisations automatiques. Les Smicards ont rattrapé certains salaires juste au-dessus qui, eux, n'ont pas été augmentés automatiquement, le nombre de personnes qui perçoivent un Smic augmente, on appelle ça la "smicardisation".

Si les employeurs ont tendance à payer leurs salariés au Smic, c'est parce que depuis une trentaine d'années, pour faire baisser le coût du travail, les gouvernements ont fait considérablement baisser les cotisations sociales patronales pour un emploi au Smic, par exemple, elles ont presque complètement disparu. Ces allégements encouragent les employeurs à ne pas sortir leurs salariés de la "zone du Smic". On parle de "trappe à bas salaire", qui peut contribuer à créer des "smicards à vie".