Expliquez-nous... A quoi sert le prix Nobel de la Paix...
Alors que le prix Nobel de la Paix vient d'être attribué à la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN), franceinfo se penche sur l'objectif, l'impact et le sens de ce prix.
Le prix lancé en 1901 est censé respecter le testament d'Alfred Nobel et "récompenser la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation de progrès pour la paix".
Le prix a tour à tour récompensé des parcours de vie -Martin Luther King en 1964, Mère Teresa en 1979, Lech Walesa en 1983, le dissident chinois Liu Xiaobo en 2010…- voulu encourager des processus de paix: Nelson Mandela et Frederik de Klerk ; Yasser Arafat, Yitzhak Rabin et Shimon Peres... Ou mettre en avant certains enjeux, quitte à remettre le prix à des personnalités dont certains actes ou prises de position étaient en contradiction avec l'esprit du Nobel.
Des prix contestés
Au rang des polémiques qui ont marqué l’Histoire, on trouve l’attribution du Nobel au président des Etats Unis Theodore Roosevelt en 1906, primé pour «son aide lors des négociations de paix dans la guerre russo-japonaise », alors qu'il était le promoteur de la doctrine du « big stick » selon laquelle la négociation diplomatique doit être appuyée par un armement préventif.
Henry Kissinger, secrétaire d'Etat américain, a lui été récompensé en 1973, conjointement avec le leader nord-vietnamien Le Duc Tho, pour les accords de paix mettant fin à la guerre du Vietnam alors que mis en cause, entre autres, pour la politique américaine en Amérique Latine.
On peut aussi évoquer la controverse plus récente en interne au Libéria, en 2011, autour du prix d'Ellen Johnson Sirleaf
Parfois le Nobel semble un pari sur l’avenir, comme lors de l’attribution, l'an dernier en Colombie, du prix à Juan Manuel Santos pour ses efforts en faveur du processus de paix avec les FARC, ou dénoncé comme prématuré, ce qui fut le cas lors de l’attribution du prix à Barack Obama, dès son arrivée à la présidence des Etats Unis en 2009 -"premier prix Nobel virtuel de l'histoire" avait titré Newsweek-
Plus récemment Aung San Suu Kyi en Birmanie, prix Nobel de la Paix 1991, symbole de la résistance non violente à la junte militaire, a été très critiquée pour son long silence autour des violences subies par la minorité rohingya. La pétition, lancée pour que le Nobel lui soit retiré, a recueilli plus de 400.000 signatures.
Un enjeu symbolique et politique mais un impact variable
Le prix Nobel de la paix, contrairement aux autres Nobel, parle à tous, est émotionnel, symbolique et très politique.
Au-delà de l'aspect matériel -près de 900.000 euros pour mener des actions- les prix attribués à des organisations comme Amnesty International, Médecins Sans Frontières, la Croix-Rouge, ou, comme cette année, à la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN) sont évidemment des messages envoyés au monde tel qu'on souhaiterait qu'il soit.
L'impact pour ceux qui le reçoivent est variable. "Cela ne change pas fondamentalement la réalité du terrain, l'accès à certaines zones ou les relations avec la classe politique" avaient raconté des membres de MSF.
D'autres évoquent un gage de crédibilité. "Cela vous élève sur une estrade" avait dit la Guatémaltèque Rigoberta Menchu.
Le Dalaï-lama, lauréat 1989, rapporte souvent ces propos de Desmond Tutu lauréat 1984: "Avant quand j'essayais d'avoir la Maison Blanche on ne me passait personne. Depuis on me met en ligne avec le président".
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