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Et maintenant. Le retour du plastique ?

Le Covid suscite une pollution aux masques, souvent jetés dans la rue, d'importants déchets à traiter. 

Article rédigé par franceinfo - Alexandre Kouchner
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les masques usagés pullulent sur la voie publique.  (LAURENT THEVENOT / MAXPPP)

franceinfo : Et maintenant, est-ce le retour en force du plastique ?  Ils sont jetés à la rue, abandonnés sur les plages, les masques chirurgicaux sont devenus une nouvelle source de pollution. Un paradoxe  ?

Alexandre Kouchner : Le 1 janvier 2020, la France votait l’interdiction du plastique à usage unique d’ici 2040. Mais ça … c’était avant. Masques, gants, visières, blouses, plexiglas et même sacs pour vos courses … L’épidémie de Covid entraîne une épidémie de plastique. Dans l’urgence, le plastique jetable nous a semblé pratique, hygiénique et légal car la loi prévoit des exceptions pour les dispositifs médicaux. Tous ces objets sont peu chers à l’achat mais ils sont très coûteux à long terme car ils sont très polluants. Le plastique, dérivé du pétrole, a une forte empreinte carbone et surtout la plupart de ces objets ne sont ni recyclables, ni biodégradables. Le symbole de la crise, le masque chirurgical, doit être incinéré. Or nous ne sommes pas dans un monde post-Covid : le virus n’a pas disparu, donc les masques non plus. Et comme nous devons en changer régulièrement, cela donne des quantités énormes de déchets qui se retrouvent dans la nature ou qui doivent être brulés.

Ce serait donc soit le virus, soit la pollution ?

Le choix ne se résume pas nécessairement à la fin de la vie ou la fin du monde. D’abord, vous pouvez porter des masques en tissu. Et des chercheurs français planchent déjà sur la possibilité de réutiliser les masques plastiques en les lavant selon différentes méthodes, du détergent à l’irradiation par rayons gamma. Il ne s’agit pour le moment que de tests mais qui sont prometteurs. Une autre solution serait de recycler ces masques. A côté de Lille, l’entreprise Cosmolys travaille sur un processus unique au monde pour désinfecter, trier et valoriser le plastique qui compose les masques. Là aussi, les premiers résultats sont encourageants.

L’idéal ne serait-il pas de trouver des alternatives au plastique ?

 L’industrie développe actuellement des bioplastiques conçus à partir d’algues, de maïs ou de pommes de terre mais tous ne sont pas biodégradables et restent donc polluants. Au Vietnam, une entreprise produit des masques lavables, réutilisables et 100 % biodégradables à partir de marc de café mais il ne s’agit pas d’un masque médical. La solution viendra peut être d’Australie où des chercheurs ont fabriqué un modèle à partir de de résidu de canne à sucre. Cette découverte doit encore être homologuée mais elle filtrerait aussi efficacement que les masques en plastique.
Nous pouvons donc espérer bientôt pouvoir nous protéger tout en protégeant la planète.

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