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En Marche, Renaissance, Ensemble, Horizons… De quoi ces partis sont-ils le nom ?

Le parti présidentiel change de nom ! La République en marche devient Renaissance. Quant à l'alliance des partis soutenant Emmanuel Macron qui s’appelait jusqu’à présent Renaissance, elle est à son tour renommée Ensemble. Une valse des noms qui a surtout pour spécificité… de dissimuler le fond. 

Article rédigé par franceinfo
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Clément Viktorovitch dans Entre les lignes, sur franceinfo, le 9 mai 2022. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Il fut un temps où, pour un parti politique, changer de nom n’était pas une mince affaire ! Et pourtant, c’est donc officiel depuis vendredi 5 mai : cinq petites années après sa formation, nous pouvons déjà dire adieu à La République en marche, qui devient Renaissance. Une aisance à se réinventer qui n’est d’ailleurs pas neutre. Il y a désormais une véritable constellation de mouvements qui ont été formés dans les pas de l’élection d’Emmanuel Macron.

>> Le parti présidentiel change de nom et devient Renaissance

En Marche bien sûr, le parti ciglé de ses initiales. Agir ensuite, le parti des députés issus de la droite ayant rejoint la majorité – Franck Riester par exemple. Puis, il y eut territoire de progrès, le parti fondé par l’aile gauche de la majorité. N’oublions pas, bien sûr, Horizons, le parti fondé par l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, et qui est sensé rassembler l’aile droite de la macronie, exactement comme… Agir donc. Et, pour parachever tout cela, nous avons maintenant Ensemble, qui rassemble tout ce petite monde sous une seule appellation. 

Le chef du parti LREM Stanislas Guerini, le président du parti Horizons Edouard Philippe, le président du parti de centre droit français MoDem et maire de Pau François Bayrou et le président de l'Assemblée nationale française Richard Ferrand assistent à une conférence de presse après une réunion du bureau exécutif du LREM, le 5 mai 2022. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

Tous ces noms de partis ont deux points communs. Ils ne disent rien… et ne se rattachent à rien. En marche n’évoque rien, sinon le mouvement… sans expliciter aucunement la direction dans laquelle on souhaite aller.  Agir se contente de revendiquer l’action, sans dire quel en est l’objectif. Horizons sous-entend l’idée d’un cap fixé par le capitaine du navire, sans nous donner la moindre indication sur la destination qui est effectivement visée. Territoire de progrès ne nous dit rien de plus : je ne connais peu de personnes qui souhaitent ardemment la régression. Quant à Renaissance, il y a, c’est vrai, une référence historique à la période des XVe et XVIe siècles, que l’on peut considérer comme celle dans laquelle née l’idée européenne. Mais c’est aussi, et surtout, un simple appel au cliché de la réinvention personnelle – le fameux "j’ai changé" de Nicolas Sarkozy. Et enfin, Ensemble, là c’est le sommet : nous sommes rassemblés, c’est bien ! Mais pour faire quoi ? Nul ne le sait !

Histoire et idéologie

Ce n’est pas le propre de tout parti, d’avoir un nom choisi pour ne pas créer de clivage. L’immense majorité des noms de partis se réfèrent tout à la fois à une histoire et à une idéologie. Prenez le mouvement démocrate-chrétien de centre-droit, historiquement puissant en France. Il s’est toujours structuré autour du concept de démocratie : d’abord l’Union pour la démocratie française de Valéry Giscard D’Estaing, puis le Mouvement démocrate de François Bayrou. La droite gaulliste, quant à elle, s’est presque toujours rassemblée derrière une référence à la République : L’Union pour la nouvelle République du Général De Gaulle, devenue l’Union des démocrates pour la République, puis le Rassemblement pour la République (le RPR de Jacques Chirac), et enfin, après la parenthèse UMP, Les Républicains en 2015 !

Pareil pour l’extrême droite française, qui s’est toujours structurée autour du concept de Nation : le Front national de Jean-Marie Le Pen, le Rassemblement national de Marine Le Pen et même le Mouvement national Républicain de Bruno Mégret. Éric Zemmour, puise à une source différente, mais avec autant de clarté. Son parti, Reconquête, est une référence historique limpide à la Reconquista, la reprise des terres d’Espagne par les chrétiens contre les musulmans. Quant à la gauche, les références au communisme, au socialisme, à l’écologie ou, plus récemment, au Front Populaire, à travers l’Union populaire, sont explicites.

La République en marche lancée en 2016

Le parti présidentiel ayant été fondé en 2016, l'absence de marqueur historique peut paraître normal. L’absence de marqueur idéologique, en revanche, semble davantage problématique. Le seul discours que porte les noms de tous les partis qui gravitent autour d’Emmanuel Macron, c’est l’idée de changement – c’est-à-dire, aucune idée du tout, puisque changer les choses c’est, au fond, la définition même de toute politique. Ces partis ne disent donc ni ce qu’ils veulent faire, ni ce à quoi ils se réfèrent. On retrouve, au fond, la remarque qu’il est possible d’adresser au président de la République depuis le début de son quinquennat. Il ne dit jamais explicitement quel est le fond, la cohérence, l’idéologie qui structure son action politique. Et cela explique également pourquoi il est si facile, pour son parti de changer de nom. En l’absence d’une colonne vertébrale revendiquée, il ne reste rien de plus qu’une stratégie de branding. Une image de marque, qu’il est possible de modifier au gré des saisons, des élections… et des mouvements d’opinion. 

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