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Turquie : le début d’une longue errance pour l'ancien porte-avion français Foch ?

L'ancien porte-avion français Foch, vendu en 2000 au Brésil et désormais hors-service, devait être démantelé par la Turquie. Mais Ankara n'en veut plus, estimant qu'il présente une menace pour l'environnement.

Article rédigé par franceinfo - Anne Andlauer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'ex porte-avion Foch, rebaptisé Sao Paulo, au départ du port militaire de Brest en 2001. (EMMANUEL PAIN / AFP)

Vendu au Brésil en 2000 et renommé le São Paulo, l'ancien porte-avions français Foch, un navire de 24 000 tonnes est devenu bon pour la casse. Il a mis le cap vers la Turquie, mais les autorités turques n'en veulent plus. Aujourd'hui, il continue sa route vers le port turque d'Aliaga, dans la région d'Izmir, où il était normalement attendu aux alentours du 11 septembre, mais il semble avoir ralenti. Il était ces derniers jours au large du Maroc, plus très loin désormais du détroit de Gibraltar, tiré par un puissant remorqueur hollandais. 

L'ancien porte-avions français, qui navigue depuis 22 ans sous pavillon brésilien, n'est donc plus du tout le bienvenu en Turquie. En fin de semaine dernière, le ministère de l'Environnement turc a annulé l'autorisation délivrée le 30 mai au bateau d'entrer dans les eaux territoriales turques pour y être démantelé. 

Un bateau dangereux selon les autorités turques

Selon Ankara, les autorités brésiliennes et le chantier de démolition turc Sök Denizcilik n’ont pas fourni un rapport sur les substances nocives contenues dans ce bateau, âgé de plus de 60 ans. Le gouvernement turc le soupçonne de receler beaucoup plus d’amiante que ce qu’affirmait un premier rapport des autorités brésiliennes, soit une dizaine de tonnes.

Un élément renforce ces soupçons : le Clémenceau, l'ancien navire jumeau du Foch, contenait plusieurs centaines de tonnes d'amiante et avait lui-même longuement erré en mer avant d'être démantelé entre 2009 et 2010 au Royaume-Uni. Pour ce qui est du São Paulo, l’agence fédérale brésilienne en charge du dossier affirme avoir été prévenue trop tard de la demande turque, alors que le navire était déjà parti. La société turque qui avait décroché le contrat de démantèlement prétend de son côté détenir le rapport demandé et se dit prête à commander un troisième inventaire des substances nocives.

Un sujet politique devenu très sensible 

Cela fait des mois que les citoyens turcs sont au courant de l’arrivée du São Paulo. Pendant l’été, des ONG environnementales et des associations de médecins ont alerté l’opinion publique sur ce bateau qualifié de "poubelle flottante", de "poison" pour l’écosystème, pour la santé des habitants d’Izmir et pour celle des travailleurs chargés de le déconstruire.

Ces ONG ont crié victoire lorsque le gouvernement a retiré l’autorisation accordée au navire. Mais le fait que le São Paulo continue malgré tout de naviguer vers la Méditerranée, et peut-être vers les eaux turques, les inquiète beaucoup. Elles promettent donc de rester vigilantes.

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