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Témoignage
"L’enfer sur Terre" : le journaliste japonais Toru Kubota, libéré par la junte birmane, raconte sa détention

Depuis que la junte militaire a repris le pouvoir en Birmanie, la répression continue avec des arrestations en masse à la moindre contestation. Cependant, le 17 novembre, la junte militaire a fait un geste en amnistiant près de 6 000 prisonniers. Parmi eux, un jeune journaliste japonais, Toru Kubota.

Article rédigé par franceinfo - Karyn Nishimura, édité par Ariane Schwab
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le journaliste et réalisateur de documentaires japonais Toru Kubota à Tokyo, en novembre 2022. (KARYN NISHIMURA / FRANCEINFO)

Parmi les 6 000 prisonniers amnistiés le 17 novembre par la junte militaire birmane se trouvait le journaliste et réalisateur de documentaires japonais Toru Kubota qui venait d’être condamné à 10 ans de détention. Le jeune homme de 26 ans, traumatisé par l’expérience, regrette d’avoir mal évalué le risque.   Toru Kubota a été arrêté le 30 juillet à Rangoun alors qu’il venait de filmer une manifestation éclair, interdite par les militaires.

Les policiers comprennent alors assez vite qu’il est journaliste. "L‘un des policiers m’a alors pris en grippe, raconte-t-il. Il m’a dit : ‘Toi, à partir de maintenant, tu vas connaître l’enfer sur Terre, dans un lieu sale, qui pue, où ça grouille de monde.’ Et en voyant la cellule en question, j’ai compris ce qu’il voulait dire." 

"C’était une pièce de 5 mètres sur 2 avec seulement des toilettes, où plus de 20 personnes étaient enfermées. Pour dormir, il fallait se replier sur soi." 

Toru Kubota, journaliste japonais amnistié

à franceinfo

Un lieu sans hygiène, sans lumière, où les maladies peuvent se propager rapidement, décrit encore Toru Kubota. Il n’y passe que quelque jours, assez pour en comprendre l’horreur. "J’ai vu plusieurs fois des prisonniers avec des traces de violence, des jeunes avec des yeux tuméfiés ou des ecchymoses sur le corps. J’ai vu des prisonniers se faire battre à coups de bâton", témoigne-t-il. 

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Transféré ensuite dans une cellule individuelle d’une prison, il bénéficie de meilleures conditions, mais écope de dix ans de détention pour divers motifs, une peine qui sera finalement abrégée par une amnistie.   

Avant le coup d’État de février 2021, le Japon avait établi des liens économiques importants avec la Birmanie qui restent forts. Toru Kubota trouve le gouvernement japonais bien trop clément à l’égard de la junte birmane et pas assez regardant sur l’usage des fonds en provenance du Japon. De surcroît, le gouvernement nippon n’a pas sanctionné la junte et la critique peu. Il avait même envoyé une invitation officielle aux militaires birmans pour les obsèques nationales de l’ex-Premier ministre, Shinzo Abe.   

Toru Kubota appelle à ce que tous les citoyens birmans soient protégés. "Avant qu’on m’arrête, mes amis birmans m’avaient dit qu’habiter en Birmanie était comme vivre en prison. Ils sont privés des droits humains fondamentaux et susceptibles d’être arrêtés à tout moment." Le jeune journaliste déplore que, malgré cette situation, le gouvernement japonais aille jusqu’à refuser l’asile à des Birmans politique qui en font la demande.

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