En Pologne, une loi pour le bien-être animal déclenche la colère des agriculteurs et divise la majorité au pouvoir
Le Sénat polonais examine mercredi 14 octobre un projet de loi visant à interdire l'élevage d'animaux pour le commerce des fourrures, et la limitation des méthodes religieuses d'abattage.
C'est un vote très important qui est attendu au Sénat polonais ce mercredi 14 octobre : celui sur la loi sur le bien-être animal. Examinée par les sénateurs, cette loi prévoit notamment l’interdiction de l’élevage des animaux pour leur fourrure, et limite l’abattage rituel, c’est-à-dire l’abattage conforme aux rites religieux.
Un projet de loi qui fait trembler le pays
Après un blocage des routes du pays la semaine dernière, mardi 12 octobre des milliers d'agriculteurs venus de tout le pays ont choisi de protester, sous la pluie, devant le Sénat polonais à Varsovie. Ils affirment qu'une telle législation pourrait détruire l’agriculture polonaise. Car la Pologne est le troisième producteur au monde de fourrure et le pays exporte aussi de la viande halal et casher. Or avec cette loi, l’abattage rituel serait limité au seul marché national polonais. Selon les opposants, des milliers d’emplois directs et indirects sont menacés.
Parmi les manifestants hier, certains portaient un T-shirt noir avec inscrit “non à Kaczynski”. Jaroslaw Kaczynski est le puissant chef du parti "Droit et Justice" (PIS) qui est au pouvoir, et c’est lui qui a porté cette loi, allant même jusqu'à faire une vidéo pour la défendre sur le réseau social Tik Tok. Jaroslaw Kaczynski prend ainsi le risque de mettre en colère les campagnes, qui constituent pourtant la base électorale de son parti.
La coalition au pouvoir au bord de l'explosion
Même au sein du parti "Droit et Justice", et entre les partis qui composent la coalition gouvernementale, des divisions ont éclaté au grand jour. Certains membres du PIS n’ont pas caché leur opposition à la loi en votant contre à la mi-septembre. Le parti s'est alors séparé de plus d’une dizaine de députés contestataires.
Éclatement de la coalition, élections anticipées : tous les scénarios ont été évoqués, mais finalement les trois partis de la majorité au pouvoir ont trouvé un accord. Un remaniement gouvernemental a eu lieu avec un changement de taille : Jaroslaw Kaczynski, le chef du PIS, qui opérait jusque-là dans les coulisses, est revenu au gouvernement. Sans doute pour remettre de l'ordre dans les rangs de la majorité.
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