En Inde, les débats inter-religieux s'annoncent tendus sur l'uniformisation du Code civil
L'annonce promet de faire naître des débats houleux en Inde. Le Premier ministre Narendra Modi vient d’annoncer que son parti nationaliste hindou voulait réformer le Code civil, les consultations ont même commencé pour adopter une nouvelle loi dans ce sens.
L’Inde compte aujourd’hui cinq différents Codes civils. Les hindous, chrétiens ou musulmans sont ainsi régis par différentes règles de mariage, de divorce ou d’héritage, toutes inspirées de leurs traditions. L’essentiel de ces règles a été modernisé ces dernières années, pour faciliter le divorce chez les chrétiens ou interdire le mariage de mineurs des hindous, mais ce droit demeure fractionné. Le gouvernement tente donc d'uniformiser l’ensemble de ces règles dans un code unique. Mais la démarche est combattue par les clergés des religions minoritaires, comme les chrétiens et les musulmans, qui craignent que les nationalistes hindous au pouvoir ne diluent leurs traditions pour imposer une version hindouiste du Code civil.
850 000 réponses à la consultation
Au sein de ces minorités, certains se montrent pourtant favorables à la réforme. C’est le cas de beaucoup de femmes musulmanes qui souffrent du fait que le Code civil musulman en Inde autorise encore des pratiques archaïques. "Le code musulman est misogyne, estime par exemple la militante féministe musulmane Zakia Soman. Il permet la polygamie ou le mariage de mineures, car selon la charia, une fille peut être mariée dès qu’elle est pubère, ce qui est horrible. Je n’ai aucun espoir que ces réformes viennent de notre clergé musulman patriarcal."
"Même si le gouvernement a un agenda politique, la seule manière pour que les femmes musulmanes obtiennent justice, c’est à travers ce Code civil unique."
Zakia Somanà franceinfo
Cette réforme affectera aussi les autres communautés. Aujourd’hui, le code hindou favorise par exemple les hommes lors de l’héritage ; cet avantage pourrait disparaître, ce qui serait délicat à gérer pour le gouvernement. La commission des lois a lancé une consultation publique sur cette réforme, elle a déjà reçu 850 000 réponses en deux semaines. La question devrait être abordée lors de la prochaine session du parlement qui débute dans trois semaines, et le débat promet d’être intense.
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