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En Espagne, un livre que personne n'a jamais réussi à lire va être édité

Une petite maison d’édition va reproduire un ouvrage unique au monde : le manuscrit de Voynich. Ecrit au XVe siècle dans un alphabet inconnu, ce texte n’a jamais pu être décrypté : même la NSA a échoué.

Article rédigé par franceinfo, Alexis Morel, Mathieu de Taillac
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une page du manuscrit de Voynich.  (UNIVERSAL HISTORY ARCHIVE / UNIVERSAL IMAGES GROUP EDITORIAL)

De très nombreux éditeurs étaient sur les rangs pour éditer le manuscrit de Voynich, dont de très grands, mais c’est une entreprise installée à Burgos, à 250 kilomètres de Madrid, qui a remporté le morceau. Siloe, c’est le nom de la maison d’édition, est un spécialiste des fac-similés, c’est sans doute ce qui a convaincu le propriétaire, l’université de Yale, aux Etats-Unis, de vendre les droits de reproduction. Siloe va imprimer 898 exemplaires du Voynich. Elle a breveté une pâte à papier spéciale, qui doit permettre de reproduire le grain du vélin original et même ses défauts, ses taches, ses trous, pour que les nouveaux propriétaires aient une copie extrêmement fidèle de l’original. Ils devront débourser pour cela entre 7 000 et 8 000 euros…

Une "langue" qui respecte la loi de Zipf

Le manuscrit de Voynich est un monument de la cryptographie, et tout le monde s’y casse les dents depuis six siècles. Le livre a été daté au carbone 14, il aurait été élaboré entre 1404 et et 1438. Il y a plusieurs éléments de la supposée langue, le "voynichois", comme disent les spécialistes, tout à fait étonnants. Par exemple, cette langue respecte ce que les linguistes appellent la loi de Zipf. C’est une règle que l’on observe dans toutes les langues naturelles, et pas dans les langues inventées, et qui dit que dans les langues humaines le mot le plus fréquent est employé deux fois plus que le second mot le plus fréquent, et trois fois plus que le suivant.

Toutes les hypothèses ou presque sont recevables... puisqu’aucune n’a pu être démontrée. Certains parlent d’une langue indigène américaine, ou d’une combinaison de plusieurs langues, d’un alphabet inventé pour retranscrire une langue asiatique réelle et, bien sûr, certains pensent qu’il s’agit d’un langage codé. Mais les plus grands spécialistes en cryptologie ont échoué à le déchiffrer. Parmi les traducteurs frustrés, on peut citer William Friedman, le cryptologue américain qui avait décodé les secrets de l’armée japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale mais qui n’a pas su, avec les employés de la NSA, vaincre le livre impossible.

Planches botaniques et petites femmes nues

Pour ajouter au mystère, le manuscrit de Voynich est un livre illustré. Dans la première partie, on observe des plantes qu’on ne retrouve pas dans la nature. Certains parlent de "plantes Frankestein", parce qu’elles emprunteraient les racines d’une plante existante et les feuilles d’une autre, par exemple. Ensuite il y a une partie astronomique qui reproduirait vraisemblablement les constellations du zodiaque. Il y a également de petites femmes nues, des nymphes visiblement. Quasiment toutes les pages sont illustrées.

Cela en fait un très bel objet. Certains l’achèteront pour tenter d’en percer le secret mais on peut aussi admirer simplement la beauté d’une œuvre qui captive les hommes depuis un demi-millénaire.

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