En Espagne, le procès des barons de la drogue de la région du détroit de Gibraltar s'est ouvert
Francisco et Antonio Tejón, surnommés "les frères châtaignes", sont considérés par les autorités comme les plus gros trafiquants de résine de cannabis de la région de Gibraltar et contrôlaient 70% de la marchandise entre le Maroc et l'Espagne.
Il s'agit du grand procès du trafic de drogue entre le Maroc et l'Espagne. Il a commencé lundi 18 avril à Algeciras, à l’extrême sud de l’Espagne, dans la région du détroit de Gibraltar. Parmi les 17 prévenus jugés, il y a deux principaux accusés qui sont surnommés “los Hermanos Castaña” [les frères châtaignes]. De leurs vrais noms Francisco et Antonio Tejón sont, selon les enquêteurs, les plus grands trafiquants de haschisch de la région. Ils contrôlaient 70% de la marchandise qui transite entre le Maroc et l’Espagne.
On parle de plus d’une centaine de milliers de kilos saisis annuellement. Six groupes différents de distribution étaient depuis des années sous les ordres des frères Castaña. En 2016, une taupe les avait prévenus que la police se préparait à les arrêter, ils s’étaient réfugiés au Maroc, l’un d’entre eux, Antonio s’était fait arrêter, puis relâcher. Pendant ce temps, Francisco s’occupait à tourner un clip de reggaeton notamment dans l’une de ses villas à Malaga. Une manière, peut-être, de narguer la police. Les agents ont finalement arrêté les deux hommes en 2018. Depuis les autorités espagnoles ont mis le paquet, elles ont multiplié les arrestations, les confiscations de drogue dans la région. Avec eux vont être jugés 15 autres personnes, des complices, dont trois policiers.
L’ex-femme gagne six fois au loto en un mois
La question principale est de savoir comment ils sont arrivés à construire cet empire de la drogue et à passer jusque-là entre les mailles du filet. Ils ont fait preuve d'une certaine imagination dans le blanchiment de l’argent obtenu de la drogue, sachant que leur patrimoine est évalué à 30 millions d’euros. Les Castaña ont monté des sociétés en pagaille pour justifier leurs revenus. Une entreprise de recyclage, un club échangiste, des bars et restaurants plus traditionnels. Il leur arrivait aussi de gagner au loto. L’ex-femme d’Antonio Tejón a gagné six fois en un mois. En réalité, la famille rachetait, après le tirage, des billets gagnants à des joueurs, ils rajoutaient une petite commission. Ça permet d’expliquer au fisc les rentrées d’argents soudaines. Côté sorties, les idées ne manquaient pas, la seconde épouse d’Antonio dépensait 5 000 euros par jours en sacs à main et en vêtements, la femme de Francisco a acheté des propriétés immobilières pour quasiment 700 000 euros.
La première journée du procès s’est déroulée. Le procureur réclame 20 ans de prison pour chacun des frères. Quant à la stratégie, on a vu dès le premier jour qu’il va s’agir de mettre en cause l’enquête, l’obtention des preuves, de retarder même le travail de la justice, le premier jour tous les avocats ont demandé l’ajournement sine die parce que l’un des 17 accusés était hospitalisé. Peine perdue, la présidente a demandé un rapport d’expert et a décidé de commencer le procès avec les 16 prévenus en bonne santé. La deuxième session est prévue demain et le calendrier court jusqu’en juin.
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