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En Espagne, le gouvernement mène une offensive anti-homéopathie

Le ministère de la Santé espagnol met en doute l'efficacité de l'homéopathie dans le pays, mais livre aussi la bataille au niveau européen.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le ministère de la Santé espagnol met en doute l'efficacité de l'homéopathie. (STÉPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)

En Espagne comme en France, l’homéopathie fait débat. Le ministère de la Santé espagnol a demandé aux laboratoires de prouver l'efficacité de leurs produits, en suivant la même procédure que pour les médicaments classiques. S’ils refusent de passer ces tests, ils devront indiquer sur la boite que l’efficacité du médicament n’a pas été démontrée.

Les laboratoires ont présenté 2 008 médicaments pour obtenir un agrément et continuer de les vendre en pharmacie. Sur ces 2 008 médicaments, ils n’en soumettront que 12 aux examens classiques pour démontrer leur efficacité. Soit 0,6%. Les adversaires de l’homéopathie s’empressent d’ironiser sur le manque de confiance des laboratoires quant à l’efficacité de leurs propres médicaments. Comment continuer de dire que l’homéopathie fonctionne, si l’industrie qui les produit préfère écrire sur l’étiquette qu’ils n’ont pas passé de test plutôt que de les soumettre aux examens que subissent tous les autres médicaments ?

Des tests coûteux et pas adaptés

L'Asamblea Nacional de Homeopatía, qui est une plateforme qui représente les médecins, les pharmaciens et les vétérinaires qui pratiquent cette spécialité en Espagne, avance que si les labos renoncent à passer les tests les plus complets, ce n’est pas qu’ils ont peur des tests, mais parce que cela coûte trop cher, ou que cela limiterait l’usage du médicament.

Quand on passe les tests classiques et complets des médicaments, on leur associe une fonction thérapeutique : on précise à quoi sert le médicament et on ne peut plus l’utiliser que pour traiter ce problème de santé. Si on ne précise pas la fonction thérapeutique, non seulement on n’a pas à passer les tests, mais en plus on peut utiliser le produit pour de nombreuses affections. Et, nous disent les homéopathes, certains de leurs médicaments soignent des problèmes très différents. Le mercurius solubilis, par exemple, est, selon les homéopathes, utile face aux angines, aux bronchites, aux conjonctivites, à la diarrhée, à l’eczéma, aux oreillons, aux troubles du comportement…

Bataille européenne

Le gouvernement espagnol apparaît offensif et livre la bataille en Espagne mais aussi en Europe. Le gouvernement veut convaincre ses homologues et Bruxelles de ne plus considérer les produits homéopathiques comme des médicaments. Il y a du travail, mais certains pays traditionnellement très pro homéopathie, comme la France, sont en train d’évoluer sur la question et Madrid le sait.

C’est un combat que le ministère de la Santé mène conjointement avec le ministère de la Science. Il s’agit, nous dit-on, de protéger les citoyens contre l’ensemble de ce que l’on appelle les "pseudosciences", les disciplines qui imitent la science mais qui n’offrent pas les garanties de la rigueur scientifique.

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