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En direct du monde. En Norvège, des manuscrits seront imprimés en 2114, dès que des arbres auront poussé....

Pendant que les arbres grandissent, chaque année des manuscrits sont déposés à la bibliothèque municipale d'Oslo. Ils seront imprimés quand les arbres seront assez grands pour faire du papier, c'est-à-dire dans cent ans. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une forêt en Norvège. (ARTERRA / UNIVERSAL IMAGES GROUP EDITORIAL)

A Oslo, en Norvège, on fait pousser des livres. Le projet signée de l'artiste écossaise Katie Paterson peut surprendre au premier abord mais c'est pourtant une réalité. Ici, chaque année des manuscrits sont déposés à la bibliothèque municipale mais ils ne sont imprimés que quand les arbres de la forêt voisine sont assez grands pour produire du papier, c'est-à-dire dans cent ans.  

Les écrits sont déposés chaque année par un auteur différent et resteront pendant un siècle dans une petite salle de la bibliothèque d’Oslo à quelques kilomètres de la parcelle de forêt où poussent les arbres. Katie Paterson, elle-même ne connaîtra sans doute pas l’épilogue de son œuvre d’art conceptuel, puisqu’elle est aujourd’hui âgée de 36 ans.

Ecrire pour ne pas être lu de son vivant 

Le premier manuscrit a été déposé en 2015 et ils sont trois pour le moment : la Canadienne Margaret Atwood, le Britannique David Mitchell et cette année c’est le poète islandais Sjon qui a fait le voyage à Oslo pour remettre son œuvre.
Ces auteurs ont dû composer avec une difficulté inédite, celle d’écrire en sachant que personne ne lirait leur texte de leur vivant ni pendant le siècle à venir. Sjon a ainsi confié que son rapport au texte, le choix de ses mots et les mécanismes d’écriture qu’il tenait pour acquis ont été profondément remis en cause, car il n’avait pas la moindre idée en écrivant qui pourrait lire son livre dans cent ans, ni même si les livres-papiers ou encore sa langue l’Islandais, existerait encore en 2114.
 
Katie Paterson espère que les auteurs sélectionnés diront quelque chose de leur époque et que les futurs lecteurs pourront, d’une certaine manière, remonter le fil du siècle écoulé. À bien y réfléchir, son projet en lui-même dit peut-être déjà quelque chose de notre temps, d’abord en mariant d’une façon originale l’écologie et la littérature et en faisant l’apologie du temps long, à une époque où l’on prend sans doute de moins en moins son temps en tout cas en Occident.

Nul ne peut deviner quel accueil sera fait à cette bibliothèque du futur, mais,  pour une fois, ce n’est pas la feuille blanche qui attendra l’inspiration de l’écrivain, ce sont ses mots qui devront patienter le temps que des arbres deviennent des livres.
 

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