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En direct du Monde. En Espagne, Franco pourrait être exhumé de son mausolée controversé, plus de 40 ans après sa mort

La sépulture de Franco se trouve aujourd’hui dans un immense mausolée au nord de Madrid. Pour le nouveau gouvernement socialiste de Pedro Sánchez, c’est beaucoup d’honneurs pour un dictateur. 

Article rédigé par franceinfo, Mathieu de Taillac
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franco, le dictateur espagnol, est enterré dans un immense mausolée au nord de Madrid, le Valle de los Caídos. (OSCAR GONZALEZ / NURPHOTO)

Quarante ans après sa mort, le général Franco pourrait être retiré de son tombeau. L’ancien dictateur est enterré dans un gigantesque mausolée au nord de Madrid, le "Valle de los Caídos", qui veut dire “La vallée de ceux qui sont tombés”, qui sont morts pendant la guerre civile.

C’est une basilique et un monument construits sur ordre de Franco et pour le nouveau gouvernement socialiste de Pedro Sánchez, ce bâtiment fait l’apologie du dictateur.

Un sujet longtemps resté tabou

C’est vrai que l’Espagne prend cette décision un peu tard, c’est d’ailleurs ce que reproche l’opposition de droite au gouvernement de Pedro Sánchez, en lui disant qu’il est dans le symbole, dans la posture, que cela ne va pas changer la vie des Espagnols. Mais il faut reconnaître que cela fait longtemps que l’on parle de ce "Valle de los Caídos", que c’est une espèce de tabou dont personne ne sait vraiment que faire.

Le mausolée, la basilique et la croix de 150 mètres de haut, la plus grande de toute la chrétienté, avaient été construits dans les années 40 et 50 sur instruction de Franco. Le dictateur disait que c’était un monument à la réconciliation, oubliant de dire au passage que le "Valle de los Caídos" avait été construit en partie par des prisonniers républicains, et que des combattants antifranquistes y ont été enterrés contre l’avis de leurs familles.   

Le dernier gouvernement socialiste, celui de Zapatero, entre 2004 et 2011, avait déjà commencé à réfléchir au sujet. Il avait fait voter une loi sur la mémoire historique qui obligeait les communes à débaptiser les rues qui étaient encore à la gloire du général ou de ses hommes, mais il n’avait pas osé s’attaquer au plus grand symbole, au "Valle de los Caídos". Il avait monté un comité de réflexion en toute fin de mandat, un peu pour la forme. Le rapport avait été rangé dans un tiroir par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy.   

Le "Valle de los Caído" transformé en lieu de mémoire

Le corps de Franco doit être remis à sa famille pour qu’elle décide où l’enterrer. On pense essentiellement à deux possibilités : la tombe de son épouse, Carmen Polo, ou la tombe de sa fille, Carmen Franco, décédée en décembre dernier. Sauf que pour le moment la famille ne veut rien savoir, les petits-enfants de Franco ont écrit au prieur de l’abbaye du "Valle de los Caído" pour lui demander de s’opposer à cette décision. Il y aura donc peut-être une bataille juridique à prévoir.

Quant au site lui-même, le gouvernement Sánchez veut en faire un musée et un lieu de mémoire. Aujourd’hui il n’y a aucune explication, aucun écriteau. Des nostalgiques du franquisme viennent parfois rendre hommage au dictateur. Sánchez veut qu’au contraire la dictature et ses méfaits soient expliqués sur place.  

Le sujet a longtemps était tabou mais aujourd’hui il n’y a plus d’opposition très forte à la transformation du "Valle de los Caídos". L’an dernier, le Parti socialiste avait fait une proposition en ce sens au Parlement, et la droite s’était abstenue. Sánchez considère donc que le moment est venu de déposséder Franco de ses derniers honneurs et d’écrire un devoir de mémoire à l’espagnole. 

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