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En direct du monde. En Afghanistan, naissance d'une TV et d'un magazine dédiés aux femmes

Deux médias dédiés aux femmes viennent de voir le jour en Afghanistan. Un pari risqué dans ce pays. Une chaîne TV et un magazine ont été lancés.

Article rédigé par franceinfo, Alexis Morel - Sonia Ghezali
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Capture d'écran d'un studio de ZanTV, chaîne TV dédiée en Afghanistan. (YOUTUBE)

Zan TV, une chaîne de télévision et Gellara, un magazine mensuel de mode pour les femmes viennent d'être lancés en Afghanistan. C'est une première dans le pays enlisé dans un conflit qui dure depuis plus de trois décennies. Un pays où les forces gouvernementales combattent les Talibans et leur extrémisme religieux. Ces deux médias dédiés aux femmes se sont lancés un véritable défi.

La chaîne de télévision est portée par un homme qui a lancé il y a quelques années une station de radio dédiée aux femmes. Face aux nombreuses demandes des auditrices, il a crée cette chaîne Zan TV (Zan signifiant femme en persan).  Et le créateur du média s'est entouré pour cela d'une conseillère éditoriale et de journalistes.

Sur les 70 employés de la chaîne, il n'y a que 16 hommes. Ils occupent des postes techniques puisqu'il est très difficile de trouver des femmes formées au cadrage, à la prise de son.

Quand au magazine, Gellara, c'est une initiative de Fatena Hassanzada. une jeune femme de 24 ans qui a recruté ses16 collaboratrices à l'université de Kaboul et sur Facebook. Ensemble, elles ont travaillé un an avant la sortie du premier numéro et ont choisi d'appeler leur magazine Gellara, un mot kurde qui signifie prunelle des yeux pour rendre hommage aux combattantes kurdes en Irak qui luttent contre l'organisation Etat islamique.

La femme afghane a des droits

Ces deux médias veulent faire évoluer les mentalités en Afghanistan pour que les femmes jouissent de leurs droits. C'est l'objectif affiché de ces deux médias comme l'explique Mehria Afzal, productrice et présentatrice de l'émission politique sur Zan TV : "À Kaboul, les femmes ont accès à l'information. Mais dans les provinces, les femmes sont enfermées dans des maisons et elles ne connaissent pas leurs droits. C'est par la télé qu'elles peuvent savoir ce à quoi elles ont droit, quels sont leurs recours. Dans certaines provinces, les femmes, les enfants sont échangés contre des animaux, ce qui est contre la loi. Je veux aborder tous les sujets, même ceux qui sont tabous. Je veux être la voix de ces femmes."

Zan TV ou Gellara veulent aborder tous les sujets: les violences faites aux femmes, la représentation politique des femmes en Afghanistan, la contraception. Dans le premier numéro du magazine féminin mensuel on décrypte un article de la loi sur le divorce, un autre sur le cancer du sein, mais on trouve aussi des photos de mannequins, de chanteuses afghanes, sans voile. Ce qui est unique dans le pays.

Un engagement risqué

Ils risquent leur vie. Chaque jour et ils en ont tous conscience mais ont le désir de faire bouger les choses. Fatana Hassanzada, la jeune rédactrice en chef du magazine de mode Gellara : "Ce qui me motive, c'est mon expérience personnelle, ce que je vois chaque jour dans ma société, la souffrance des femmes qu'elles endurent en silence, la torture infligée à certaines. Ce qui me donne de la force c'est aussi quand je vois comment les féministes ont fait changer les choses dans les pays développés. Cela m'encourage à faire la même chose pour que les afghanes deviennent indépendantes, libres, égales aux hommes, comme le sont de nombreuses femmes dans le monde."

Qu'il s'agisse de Fatana Hassanzada ou de Mehria Afzal de Zan TV, elles font ce qu'elles appellent leur révolution pour que les droits des femmes soient enfin respectés dans leur pays.

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