En direct du monde. Au Brésil, une épidémie de fièvre jaune sans doute liée à des boues toxiques
La fièvre jaune touche l'Etat du Minas Gerais, au Brésil, dans une région touchée par une pollution aux boues toxiques.
Peut-il y avoir un lien entre une catastrophe écologique et une épidemie de fièvre jaune ? La semaine dernière dans l’Etat du Minas Gerais, au Brésil, la fièvre jaune a contaminé près de 200 personnes, et 47 en sont mortes. Or il y a deux ans cette région a subi une catastrophe : un barrage qui s'est rompu a déversé dans la nature 55 millions de mètres cubes de boues toxiques liées à l'exploitations des mines.
La fièvre jaune est transmise du singe à l’homme ou de l'homme à l'homme via les moustiques. Quand on étudie la fièvre jaune on se penche donc forcément sur la santé animale. Une scientifique, Marcia Chame, travaille à la Fundação Oswaldo Cruz. Elle a fait le lien avec l’accident minier, d’abord pour des raisons géographiques.
La zone touchée par l’épidémie est en effet la même que celle de la catastrophe au Minas Gerais, mais également dans l’Etat voisin d’Espiritu Santo, qui a reçu lui aussi de la boue portée par les eaux du fleuve Rio Doce. C’est dans cette zone d’Espiritu Santo qu'une cinquantaine de singes sauvages sont morts récemment, sans doute à cause de la fièvre jaune. Ce qu’explique cette scientifique, c’est qu’un changement brusque dans l’environnement fragilise toujours les animaux : plus de stress, moins de nourriture, tout cela a pu rendre les singes plus à même de développer des maladies dont la fièvre jaune.
Dans l’Etat du Rio Grande do Sul, en 2009, une déforestation brutale avait déjà provoqué une épidémie de fièvre jaune chez les singes. Les autorités n’ont pas commenté l'hypothèse de Marcia Chame. Celle-ci a redit mercredi 18 janvier que d’autres évènements pouvaient entrer en ligne de compte mais, encore une fois, c’est la géographie avant tout qui lui donne raison.
Des milliers de doses de vaccins contre la fièvre jaune ont été envoyées dans la zone touchée. La priorité des autorités sanitaires est de contrôler l’expansion de l’épidémie pour qu’elle n’atteigne surtout pas les villes. Le Brésil n’a pas connu de fièvre jaune urbaine depuis 1947 et, aujourd’hui, ce serait une tragédie bien plus grave : car le moustique présent en ville est le fameux moustique aedes. C'est lui qui transmet déjà la dengue, zika et le chikungunya et qui transmettrait donc en plus la fièvre jaune.
Il n'y a pas de signes de panique dans la zone touchée, mais devant les centres de santé de Sao Paulo, on a vu ces derniers jours de longues files de Brésiliens venus se faire vacciner, alors que la zone de l'épidémie est située à plusieurs centaines de kilomètres de la ville.
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