En direct du monde. À Rio, au Brésil, la gestion de la sécurité par l’armée affiche un mauvais bilan
Depuis le carnaval, en février dernier, l’armée est en charge de la sécurité dans tout l’Etat de Rio de Janeiro, au Brésil. Mais le bilan est très négatif.
Au Brésil, cela fait quatre mois que l’armée est en charge de la sécurité dans tout l’État de Rio de Janeiro ; une décision prise par le président Michel Temer en plein carnaval en février dernier. Mais le bilan est très négatif. Un premier bilan mené par des chercheurs est très négatif : hausse de la violence, augmentation des opérations et du budget de la défense mais sans résultats tangibles. L’armée a sous ses ordres 100 000 hommes, entre soldats et policiers et en quatre mois, 39 sont morts en opération.
54 morts en 4 mois
C’est l’Observatoire de l’Intervention qui a été créé à Rio par plusieurs centres de recherche pour étudier cette intervention et analyser son impact sur la population locale. Les chercheurs ont dressé un premier bilan après 120 jours de commandement de l’Armée. Ils ont bien noté une baisse de 13% des homicides mais aussi une hausse de 34% du nombre de morts par les forces de l’ordre, soit 54 morts en 4 mois. L’Observatoire considère que c’est la première fois que des opérations militaires aussi importantes avec autant d’hommes sont menées à Rio. Ces opérations consistent à encercler les favelas pour les passer au peigne fin. Mais cette tactique ne semble guère fonctionner. Dernièrement, 5 000 hommes ont été mobilisés deux jours pour encercler six favelas avec comme seule prise quelques armes.
La population la plus riche appuie l’intervention militaire
Il y a deux populations à Rio : ceux qui vivent en favela et ceux qui vivent dans des quartiers formels. La sensation de sécurité n’est pas du tout la même d’un lieu à l’autre. Si la population la plus riche appuie l’intervention militaire, elle ne voit quasiment jamais de militaires dans ses rues. Mais pour les favelas, c’est autre chose. Il y a eu 3 210 fusillades depuis le début de l’intervention, entre trafiquants et forces de l’ordre et toujours dans les favelas. Une fusillade signifie que vous ne pouvez pas sortir de chez vous, aller à l’école ou au travail et cela peut durer des heures. Alors bien sûr la population des favelas appuie bien moins l’intervention militaire. D’autant que c’était une promesse des militaires de faire baisser le nombre de fusillades dans les rues.
Pas d’amélioration de la sécurité à Rio
Non et ce n’est pas la première fois que les spécialistes de la sécurité critiquent une politique répressive qui coûte cher et n’a guère de résultats. Pour preuve le combat au trafic de drogue. Les forces de sécurité se concentrent sur les petits trafiquants qui sont dans les favelas alors que les gros bonnets ne sont pas inquiétés. Rien n’est fait non plus contre le blanchiment d’argent qui reste une activité essentielle du trafic de stupéfiants. Enfin, les spécialistes considèrent que les militaires pourraient être beaucoup plus efficaces s’ils avaient plus recours aux services d’intelligence pour identifier les réseaux criminels notamment ceux qui sévissent dans le trafic d’armes au lieu de ces grandes opérations militaires.
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