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Le monde de Gérald. L'armée appelée en renfort au Brésil, une menace pour la démocratie ?

Tous les jours, Gérald Roux revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Mardi, au Brésil, le président du pays a placé l'État de Rio sous contrôle de l'armée fédérale.

Article rédigé par franceinfo, Gérald Roux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une opération de police dans une favéla de Rio (Brésil), le 25 janvier 2018. (MAURO PIMENTEL / AFP)

L'État de Rio est le troisième État le plus peuplé du Brésil avec ses 16 millions d'habitants. C'est aussi la première destination touristique du pays. Oui, mais voilà, il est plongé dans un tel chaos, une telle violence, que le président brésilien Michel Temer a pris des mesures exceptionnelles en fin de semaine dernière. D'abord, pour sa sécurité, il a placé l'État entier sous contrôle de l'armée fédérale. Cette dernière va donc court-circuiter la police, car normalement, c'est la police de chaque État qui s'occupe de la sécurité au Brésil.

À la tête de la sécurité de l'État de Rio, le président Temer a placé Walter Souza Braga Netto. C'est lui qui avait déjà sécurisé la ville de Rio pendant les Jeux olympiques de 2016. Deuxième mesure du président brésilien : la création d'un grand ministère de la Sécurité publique.

Un climat d'insécurité permanent

Depuis le début de l'année, 700 fusillades ont eu lieu rien qu'au mois de janvier, soit près de 22 par jour. La plupart se sont déroulées dans les favelas, ces quartiers pauvres qui vivent sous le contrôle des trafiquants de drogue. Le summum a été atteint fin janvier avec une fusillade qui a éclaté entre trafiquants et police dans une rue de la favela "La cité des Dieux". Paniqués, les gens quittent leurs voitures pour échapper aux balles. Il y a trois morts. Toute la circulation vers l'aéroport a été bloquée. Cela fait des années que les autorités ont perdu le contrôle des favelas. Les barons de la drogue possèdent souvent des armes plus redoutables que celles de la police et pour ne rien arranger, en raison de quasi-faillite de l'État, les policiers sont souvent payés avec des mois de retard et certains trempent aussi dans le crime. 8 500 soldats ont déjà été envoyés l'été dernier par le gouvernement fédéral, mais sans grand succès.

Une nouvelle mutinerie dans l'État de Rio

Ça s'est passé dimanche, au lendemain des annonces de Temer, dans une prison à une cinquantaine de kilomètres de Rio. Il faut dire que les mutineries sont hyper fréquentes, car le Brésil compte la troisième population carcérale du monde avec 725 000 prisonniers. De quoi alimenter le chaos.

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