En Allemagne, Hambourg bannit partiellement le diesel de son centre-ville
Hambourg devient jeudi la première ville allemande à bannir partiellement les moteurs diesel de son centre-ville. L’interdiction est limitée à un périmètre restreint, mais c’est le début d’un phénomène appelé à se généraliser.
C’est inédit : la ville d’Hambourg, en Allemagne, a décidé, à partir du 31 mai, d’interdire la circulation des véhicules diesel les plus anciens (c'est à dire antérieurs à 2015) dans le centre-ville. Dans un premier temps, seules deux artères du centre sont concernées : l’une de 600 mètres, l’autre de 1 600 mètres. Cette interdiction de circuler concerne tous les moteurs diesel n’ayant pas la dernière norme Euro 6. Seule exception : les riverains, les livreurs ou encore les véhicules de secours ne sont pas impactés.
Cette première interdiction devrait en entrainer d’autres, car des dizaines de villes planchent actuellement sur le sujet, notamment dans les centres urbains les plus pollués du pays, comme Stuttgart, Munich ou la région de Düsseldorf. L’une des difficultés sera de faire respecter la nouvelle réglementation. Dans plusieurs régions, la police a déjà fait savoir qu’elle n’aurait pas les moyens de contrôler efficacement les voitures. Mais les pouvoirs publics comptent le civisme des automobilistes allemands.
Mesure potentiellement très impopulaire
Pourtant, la situation n’est pas pire en Allemagne qu’aux Bénélux, en Italie ou en France. En moyenne, le nombre de jours de dépassement des taux de particules fines est similaire, en sachant toutefois que l’Allemagne, pays le plus peuplé d’Europe, compte un nombre important de grands centres urbains et industriels.
La différence, c’est que les associations de défense de l’environnement ont pris le sujet à bras le corps en saisissant la justice ces dernières années. Le feuilleton judiciaire a abouti en février à cette décision de la cour administrative fédérale : les communes pourront prendre les mesures nécessaires pour améliorer durablement la qualité de l’air, y compris donc l’interdiction des diesels les plus anciens. La mesure est potentiellement très impopulaire au pays du diesel et de la voiture-reine, mais la justice est souveraine.
Berlin ne prend pas position
Les municipalités réclament des mesures à l’échelon national, comme par exemple la mise en place d’une plaquette bleue, qui permettrait à la police de mieux contrôler les voitures, et d’identifier les plus polluantes, mais le ministère des Transports n’en veut pas. Tout se passe comme si Berlin ne voulait pas prendre position dans ce dossier. Il y a bien eu l’annonce l’an dernier d’un plan d’aide aux communes pour développer les transports propres. Mais dès que l'on touche à l’industrie automobile, les politiques se braquent. La filière emploie plus de 800 000 personnes et tout ce qui peut la mettre en danger est vu d’un mauvais œil. Voilà pourquoi l’Allemagne a beaucoup procrastiné et tardé à prendre la mesure du problème.
Depuis, il y a eu le traumatisme du "Diesel Gate" chez Volkswagen, et les constructeurs automobile ont enfin commencé à prendre le virage du tout-électrique. Mais beaucoup d’automobilistes allemands se sentent trahis, car on leur a "vendu" pendant des années les vertus du diesel propre.
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