En Afrique du Sud, la technique de l'aquamation de Desmond Tutu suscite la curiosité
L'archevêque a fait le choix d’une pratique funéraire peu connue où le corps est décomposé dans l’eau. Cérémonie qui s'est déroulée dans la banlieue du Cap.
Son choix a surpris bien au-delà de l'Afrique du Sud. Lors des obsèques de l'archevêque anglican Desmond Tutu, le 1er janvier dernier, un détail a attiré l'attention de ceux qui ont suivi cette cérémonie d’adieu : le Prix Nobel de la paix a fait le choix d’une pratique funéraire peu connue, l’aquamation. Il s'agit d'une alternative où le corps est décomposé dans l’eau par hydrolyse, et non par le feu comme dans le cas d’une crémation.
C'est au Cap, le seul endroit d'Afrique du Sud, que se trouve, depuis deux ans, une machine à aquamation, dans l’arrière-cour d’une grande entreprise de pompes funèbres.Dans ce bâtiment situé dans la banlieue du Cap, en contrebas, une première salle permet d’accueillir la famille et les proches du défunt, qui peuvent assister au processus et faire leurs adieux. De l’autre côté de la vitre, le corps a déjà été préparé et installé à l’intérieur d’un énorme cylindre métallique.
L’aquamation peut commencer : elle durera entre 7 et 13 heures, grâce à une réaction chimique que détaille Lynette Erasmus, qui gère la branche locale de l’entreprise Avbob : "Le caisson est rempli d’eau, et on y ajoute un produit alcalin, qui a des propiétés opposées à un mélange acide. Puis, on applique une certaine pression. La température grimpe jusqu’à 150 degrés, mais cela ne bout jamais".
"À la fin, la solution contient des composants biologiques de base, et peut être évacuée normalement"
Lynette Erasmusà franceinfo
Il ne reste, après ces différentes étapes, que les os du défunt. Ils seront réduits en poudre, et placés dans une petite boite qui sera rendue à la famille.
Interdite dans de nombreux pays
Cette technique, ramenée des États-Unis, possède plusieurs attraits. Elle est ainsi jugée plus écologique que la crémation, car elle consomme moins d’énergie et émet moins de gaz à effet de serre. Elle repose aussi sur la symbolique de l’eau, qui reste dans l’imaginaire moins agressive que le feu, et qui rappelle le début de la vie, commencée dans un environnement liquide.
L’aquamation est pour l’instant interdite dans de nombreux pays, notamment en France, où seules l’inhumation et la crémation sont autorisées. En Afrique du Sud, elle est tolérée, même si la législation est encore floue et doit être adaptée à de nouvelles pratiques funéraires.
C’est dans ces même locaux que le corps de Desmond Tutu a également subi une aquamation, le 1er janvier dernier. Après une cérémonie religieuse très simple, comme l’archevêque le souhaitait, son corps a donc été transformé grâce à cette machine. De quoi mettre un coup de projecteur sur la technique, selon Lynette Erasmus.
"L’archevêque était connu pour être très soucieux de l’environnement, donc ce choix est très important."
Lynette Erasmusà franceinfo
"C’est quelqu’un qui est très admiré, en Afrique du Sud et dans le reste du monde, donc le fait qu’il opte pour cette méthode a suscité beaucoup d’intérêt." indique-t-elle.
L’entreprise effectue une vingtaine d’aquamations par mois, et envisage déjà d’acheter dix autres machines, pour équiper le reste du pays.
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