Aux États-Unis, la "messe Beyoncé” célèbre la spiritualité des femmes afro-américaines et sensibilise les fidèles aux inégalités
Imaginée en 2018 à San Francisco, la "Beyoncé Mass" est une messe qui utilise les chansons et les paroles de Beyoncé, afin de se rapprocher du Christ à travers la voix et l’œuvre de Queen B. Actuellement en tournée dans le pays, la messe est très féministe et très dirigée vers les femmes afro-américaines.
C’est un office religieux pas comme les autres. Sur la scène du Kennedy Center de Washington, il y a un autel avec une croix dorée, un groupe, une douzaine de chanteuses qui pendant une heure et demie vont animer cette "messe Beyoncé" pour célébrer le Christ mais aussi la spiritualité des femmes afro-américaines.
La liturgie toute entière repose sur les chansons de Queen B : Survivor, Freedom, dont les textes défilent pendant l’office sur un écran géant. "Cet office protestant et musical est un lieu où les femmes noires, et tous ceux qui veulent la justice, peuvent se rassembler et imaginer, ensemble, ce que doit être un lieu de prière", affirme Sierra, une spectatrice. "Beyoncé n’est que 'le véhicule' si vous voulez, évidemment, elle n’est pas une divinité !", précise-t-elle.
C’est un être humain qui a créé cette musique, mais une musique qui moi me permet d’approcher Dieu de manière plus profonde !
Sierra, une spectatriceà franceinfo
C’est la pasteure Yolanda Norton, 37 ans, qui au printemps 2018 dans son église de San Francisco a imaginé cette messe inspirée de la vie et de l’œuvre de Beyoncé Knowles Carter, l’artiste aux 100 millions de disques vendus à travers le monde. "En tant que jeune femme africaine américaine, j’ai vu dans la vie de Beyoncé et dans ses expériences des éléments qui m’ont rappelé ma propre réalité. Elle est très authentique. Elle parle directement au cœur des femmes noires", explique Norton.
Beyoncé, "l’égalité, le pouvoir, la beauté"
Au début de l’office, chaque spectateur reçoit une pierre blanche sur laquelle est écrit le nom d’une discrimination : homophobie, rejet des personnes transsexuelles, grossophobie. Puis on jette ces cailloux dans un seau blanc comme pour se débarrasser de ces fléaux. Dans la salle, beaucoup de femmes et quelques hommes, dont Sean : "Beyoncé, pour moi, c’est le fait de dire que c’est possible. Que les femmes peuvent devenir ce qu’elles veulent, même à une époque où tout le monde n’est pas d’accord avec cela. Pour moi, elle représente l’égalité, le pouvoir, et La beauté."
Après quelques minutes, le public est debout, comme porté par la musique et les paroles des chansons. "Il existe de nombreux moyens de se connecter à Dieu, constate Kirsten, une trentenaire afro-américaine. Beyoncé est à la fois chrétienne et féministe. Donc je trouve ça intéressant de parler de Dieu et de la Bible à travers son œuvre. En vérité, avant de venir ici, je ne savais pas trop à quoi ça ressemblerait, mais c’est fantastique ! Ils utilisent des extraits de chansons qui résonnent avec les textes bibliques."
C’est une expérience positive, motivante, et c’est ce que l’Église doit être, non ?
Kirsten, une spectatriceà franceinfo
Le message est avant tout destiné à encourager les femmes noires, et les jeunes. Et évidemment, il trouve un écho particulier en ces temps de campagne présidentielle aux États-Unis : "C’est fou, reprend Kirsten dans un sourire. Au début de cette campagne électorale, il y avait dans la course six femmes, et six personnes de couleur. Et on se retrouve maintenant avec deux vieux hommes blancs de près de 80 ans qui recherchent l’investiture du parti démocrate. Franchement, je ne sais plus trop quoi dire. Peut-être que les gens devraient venir voir cette messe Beyoncé avant d’aller voter !"
Depuis sa création à San Francisco, la "Beyoncé Mass" a voyagé à New York, Los Angeles et aujourd’hui Washington. Queen B, elle, n’a pour l’instant jamais assisté à cette messe féministe qui porte son nom.
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