Au Vatican, les soldats du pape cherchent 50 millions d’euros pour changer de caserne
Le projet est déjà dessiné par des architectes suisses alors que les fonds n'ont pas encore été réunis. La réforme sécuritaire et l’augmentation des effectifs sont les premières raisons pour la rénovation de la caserne Antonino, mais non les seules.
Aux abords de la place Saint-Pierre, à l’intérieur du Vatican, les images montrent des bâtiments qui n’ont rien d’une caserne militaire. Avec ses façades claires, son parquet, ou encore ses grandes baies vitrées, la caserne Antonino donne sur des petites cours intérieurs. Avec le projet déjà dessiné par des architectes suisses alors que les 50 millions d'euros nécessaires n'ont pas encore été réunis, les gardes suisses pourront se retrouver à l’extérieur sous les arbres. Les images tranchent radicalement avec les actuels bâtiments du XIXe siècle.
Une caserne "vieillotte", mais charmante
Théophane Gaillard a 22 ans. Il habite le quartier helvétique du Vatican depuis deux ans. Originaire du Valais dans le sud de la Suisse, il occupe "une chambre qui accueille les gens pour boire un verre de temps en temps. Il y a donc une sorte de petit bar à l'intérieur". La rénovation de la caserne est nécessaire, mais il aura de la peine a quitté sa chambre où il est "avec un seul camarade".
Pourtant, la structure est vétuste, mal isolée, les coûts de maintenance deviennent trop lourds pour la petite armée. Un aspect qui fait aussi son charme apparemment, Théophane Gaillard regrettera le côté "vieillot" de sa caserne. Il y a "un truc" que le jeune garde ne changerait "pour rien au monde : c'est le fitness. Il est très bien comme ça avec le côté un peu vieille école". Si les machines à l'intérieur "ne sont pas si vieilles que ça", il faut dire "que ce n'est pas un fitness trop moderne donc c'est un peu plus cool", explique-t-il.
Réformes sécuritaires et augmentation des effectifs
Théophane Gaillard fait partie des 110 soldats de l’armée du pape. Ce corps veut se réformer, notamment en augmentant ses effectifs à 135 hommes. Après les attentats de Paris en 2015, la garde suisse a aussi décidé de se professionnaliser avec de nouvelles formations. En cas de menace élevée, tous les gardes seront désormais armés et plus seulement ceux autour du pape. Mais, pour l'heure, le quotidien reste inchangé. La garde doit assurer la sécurité rapprochée du pontife.
La vie quotidienne de ses membres est celle d'un soldat, avec ses permissions de sortie à Rome, et un salaire moyen d'environ 1 200 euros net. Une recrue doit être Suisse, croyant pratiquant et s'engager pour au moins deux ans. Ces conditions rendent aujourd'hui le recrutement difficile. Le commandant l'explique par les bonnes conditions économiques en Suisse qui décourageraient les jeunes à partir.
La nouvelle caserne permettra d'accueillir plus de familles, vu que plus de gardes suisses pourront se marier. Le pape a en effet assoupli la règle du célibat pour les gardes suisses. Avant, il fallait atteindre le grade de caporal pour se marier. Maintenant, il suffit aux soldats d’avoir servi durant cinq ans et de s’engager pour trois années supplémentaires.
C'est une belle image de la Suisse que l'on donne ici.
Jean-Pierre Roth
président de la Fondation pour la rénovation de la caserneà franceinfo
La caserne aujourd’hui ne répond pas à ces nouvelles exigences. C’est pour cette raison que le Vatican a accepté de détruire l'ancienne pour la reconstruire complètement. Mais les travaux ne devraient pas commencer avant que les 50 millions d’euros nécessaires ne soient réunis. Pour les récolter, la plus petite armée du monde reçoit l’aide d’une figure de marque : Jean-Pierre Roth. Cet ancien président de la Banque nationale suisse et membre du conseil d’administration de Swatch voit dans le projet une belle publicité pour son pays : "Il y a des millions de pèlerins et de touristes à Rome qui voient ces gardes suisses et finalement il porte haut les couleurs nationales, symboles de sérieux, d'engagement."
Jean-Pierre Roth préside la fondation pour la rénovation de la caserne. Il espère que les fonds arriveront du monde entier et pas seulement de la Suisse, ainsi que des donateurs classique du Vatican. En attendant, un projet définitif des architectes sera envoyé à la secrétairerie d'État, le gouvernement de l'Église, en septembre, même si le financement total n'aura pas été trouvé
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