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Au Rwanda, un protocole anti Covid-19 très efficace mais qui inquiète les défenseurs des droits de l'homme

Le pays n'a enregistré qu’environ 2 000 cas positifs depuis le début de la pandémie et seulement cinq décès sur plus de 12 millions d’habitants.

Article rédigé par franceinfo - Laure Broulard, édité par Valentine Joubin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un technicien de laboratoire manipule des prélèvements sanguins pour un test de dépistage du coronavirus à Kigali (Rwanda), le 11 juillet 2020. (SIMON WOHLFAHRT / AFP)

Le Rwanda serait-il un modèle de lutte contre le coronavirus ? Ce petit pays d’Afrique centrale a connu, il y a 26 ans, le dernier génocide du XXe siècle. Aujourd’hui, en pleine pandémie, il est le seul pays d’Afrique subsaharienne a être inscrit sur la liste des pays considérés comme “sûrs” par l’Union européenne. Kigali semble avoir jusqu’ici réussi à contenir la maladie.

Enfermés dans un stade pour non respect du confinement

Si l’on en croit les chiffres communiqués par le gouvernement, le Rwanda n’a enregistré qu’environ 2 000 cas positifs de coronavirus depuis le début de la pandémie pour seulement cinq décès sur plus de 12 millions d’habitants. Alors que beaucoup de pays africains paraissent relativement épargnés par la maladie, Kigali a tenu à mettre en place des mesures drastiques. Un confinement total remplacé aujourd’hui par un couvre-feu la nuit, le port du masque obligatoire dans les lieux publics et la fermeture des bars et des écoles. Ceux qui ne respectent pas ce protocole sont amenés dans des stades où ils restent plusieurs heures, parfois en pleine nuit, avant d’être relâchés. Ces méthodes inquiètent les défenseurs des droits de l’homme dans un pays dirigé d’une main de fer par le Président Paul Kagame.

Jusqu'à 10 000 tests par jour

Le Rwanda a également misé sur une politique volontariste en terme de test et de traçage. En seulement quatre mois, le centre Biomédical Rwandais est passé d’une capacité de 300 à environ 5 000 tests par jour, et prévoit d’atteindre les 10 000 tests. Les patients reçoivent leurs résultats sous 48 heures par sms. Les cas positifs sont directement emmenés dans des centres de traitement dédiés séparés du système de santé national. "Les pays qui sont capables de tester beaucoup plus de gens on pu gérer la pandémie beaucoup mieux que ce qui ne le peuvent pas", affirme le docteur Sabin Nsanzimana, directeur du centre biomédical rwandais.

La technologie aussi nous a aidés, c’est un autre volet important dans lequel on investit beaucoup.

Docteur Sabin Nsanzimana, directeur du centre biomédical rwandais

à franceinfo

Le Rwanda a choisi la technique du “pool testing” qui permet, en mélangeant plusieurs échantillons dans un tube unique lors du test PCR, d’obtenir les résultats plus rapidement en réduisant drastiquement les coûts. Une méthode qui ne fonctionne cependant que dans les zones où la prévalence du virus est faible. 

La croissance devrait passer de 9 à 2%

Reste qu’une crise prolongée risque d’avoir des conséquences désastreuses pour l’économie du pays. Les secteurs du tourisme de luxe et des conférences, sur lesquels Kigali avait misé ces dernières années, sont en grande difficulté. Selon les prévisions du gouvernement, la croissance, qui avait atteint les 9% l’année dernière, devrait tomber à 2% cette année. Les mesures de confinement et de couvre-feu prolongées pèsent très lourdement sur les ménages les plus vulnérables, dans un pays qui compte encore parmi les plus pauvres de la planète.

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