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Au Bénin, la police traque les cybercriminels qui ternissent l'image et l'économie du pays

La police de ce pays d'Afrique de l'Ouest, devenu la base arrière de cybercriminels, mène depuis plusieurs semaines des opérations de contrôle. Elles ont déjà abouti à quelque 200 arrestations. 

Article rédigé par franceinfo - Delphine Bousquet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Au Bénin, la police, ici à Cotonou en janvier 2017, fait la chasse aux cybercriminels. (YANICK FOLLY / AFP)

Le Bénin est devenu la base arrière de nombreux cybercriminels. Depuis plusieurs semaines, leurs activités sont ciblées par la police de ce pays d'Afrique de l'Ouest de près de 11 millions d'habitants. Quelque 200 arrestations ont été menées. 

Une traque policière avec l'aide des habitants

Les policiers procèdent à des descentes régulières dans des cybercafés et dans des maisons où vivent ceux qu’on appelle ici les "gaymen". Les contrôles se déroulent à Cotonou, la capitale économique du pays, mais aussi dans des villes plus petites où ces escrocs de la toile se sont réfugiés lorsque la traque a commencé. La semaine dernière, plus d’une dizaine de "gaymen" a même été ramenée sous escorte policière du Togo voisin où ils avaient fui.

Pour les repérer, la police a même lancé un appel à la population. Le chef de la police a demandé aux Béninois de signaler toute personne suspecte, en fournissant des profils types. Des jeunes par exemple qui habitent dans une belle maison et possèdent de luxueux véhicules comme des 4x4, alors qu’ils ne sortent pas de chez eux pour aller travailler.    

Une psychose a déclenché cette guerre ouverte     

Cette peur au sein de la population est née en raison de la diffusion massive, sur les réseaux sociaux, de photos de corps mutilés d’enfants et de femmes. Ces photos ont été présentées comme des images de crimes rituels. Toujours sur les réseaux sociaux, il a été dit que les "gaymen" étaient les instigateurs de ces sacrifices. De faux féticheurs crapuleux leur feraient miroiter que donner du sang humain à des fétiches, ces objets de cultes animistes, favoriserait la réussite et leur permettrait de gagner beaucoup d'argent.

À ce jour, le nombre de ces supposés crimes rituels n'a pas été précisé, pas plus que n'a été établi un lien quelconque avec les cybercriminels. Mais il faut savoir qu’au Bénin, pays du vaudou, les gens croient fortement à tout cela. Même dans une métropole comme Cotonou, il y a des fétiches dans les maisons.    

Les autorités frappent un grand coup 

Il y a déjà eu des coups de filet contre les cybercriminels mais cette fois, le Bénin organise la lutte. Il s’est doté l’an dernier d’une loi sur le numérique qui crée un office central de répression de la cybercriminalité et liste les infractions et les peines prévues. Les arnaques se font par exemple par du chantage. Dans ce cas, les "gaymen" montent un profil Facebook avec des images de jeunes femmes et font chanter ceux qui envoient des photos intimes.

Les escroqueries peuvent aussi concerner des contrats bidon de plusieurs milliers d’euros lorsqu’ils créent de fausses sociétés. Cela finit par porter préjudice au Bénin, à son image et à son économie.

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