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À Cuba, la pénurie de médicaments guette alors que l'ile vaccine à tour de bras contre le Covid-19 avec son propre vaccin

Ces pénuries et les longues files d'attente ne datent pas d’hier mais la crise économique et la crise du coronavirus n’ont fait qu’aggraver la situation.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Une infirmière montre un flacon de vaccin Abdala, à la Havanne, le 14 mai 2021. (YAMIL LAGE / AFP)

Depuis 2019 déjà, Cuba reconnaît qu’il y a un déficit dans l’approvisionnement de médicaments, mais ces derniers mois, à cause de la crise sanitaire du Covid-19 et la crise économique, les pénuries se sont réellement aggravées. Preuve en est, ces files d’attente devant les pharmacies où les personnes âgées ou malades doivent patienter de longues heures, parfois dès la veille de la distribution, avant d’obtenir éventuellement leur médicament. Aucun malade n’échappe à cette crise du médicament dans les officines de l’État cubain.

Certains se sentent abandonnés par l'État

"Il n’y a toujours pas de lamivudine ce mois-ci ?, demande un homme séropositif. Cela fait deux mois que je ne peux pas en avoir, qu’est-ce que je peux faire ?" "Si tu veux, va voir la docteure pour qu’elle te change ton traitement !" , lui répond la pharmacienne. Ce Cubain dans une pharmacie du Vedado est séropositif et sous trithérapie. Mais voilà plus de deux mois que l’un de ses trois médicaments vient à manquer. Il a jusqu’à présent pu puiser dans ses réserves et économise ses pastilles en les coupant en deux ou en en prenant moins. Il joue au docteur, dit-il, mais on ne rigole avec la santé. 

Face à cette pénurie de médicament, il se sent abandonné alors qu'il s’était toujours senti protégé à Cuba, accompagné et soutenu par l’État dans sa maladie.

Je sens qu’on ne me garantit plus rien. Je comprends bien qu’en ce moment il faille destiner plus de ressources et d’effort pour sauver les patients du coronavirus mais comme le dit le dicton : tu ne peux dévêtir un saint pour en habiller un autre !

Un patient

à franceinfo

"Je suis assez mécontent, poursuit-il, très frustré et pas du tout d’accord avec le fait de dire que Cuba est une puissance médicale, parce que ça n’est pas le cas !" C’est effectivement paradoxal : le pays a su gérer relativement bien la crise du Covid-19, a envoyé ses médecins dans le monde et développe cinq candidats vaccins contre le coronavirus et pourtant il n’y a pas d'antidouleurs à Cuba. On parle même d’un manque de seringues pour pouvoir vacciner toute la population.

Mais en fait cette pénurie de médicaments s’explique aussi par la fermeture des frontières, liée à la crise du coronavirus. Depuis longtemps déjà les Cubains s’organisent grâce à la diaspora pour importer leur propre médicament mais la réduction drastique des vols a fait chuter l’entrée d’antidouleur, d’antibiotique ou d'autres traitements, qui étaient ensuite revendus au marché noir.

Officiellement, le gouvernement justifie cette pénurie par le blocus américain, mais de fait, l’embargo n’affecte pas la commercialisation de médicaments. En cause, plutôt, les difficultés financières de l’État cubain, qui ne permettent pas d’importer des médicaments, ni d’importer les matières premières pour en fabriquer.

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