Régulation, supervision,sanctions. Ces trois notions résument parfaitementl'esprit des "règles Barnier", une trentaine de lois, directives etrèglements européens que Michel Barnier, commissaire pour le Marché intérieuret les Services, a réussi à faire adopter ces quatre dernières années, encollaboration avec les Etats bien sûr, mais surtout avec la complicité duParlement européen, sur la même longueur d'ondes que Michel Barnier quant à la fermeté des leçonsà tirer de la crise financière.Les "règles Barnier"feront dateIl s'agit d'une réforme enprofondeur d'un système vicié, dans lequel les banques pouvaient "faire n'importequoi", puisqu'en l'absence de transparence et de sanctions, personne n'étaittenu pour responsable des pires dérives. Les règles de bonne conduite qui luisont désormais imposées feront forcément date. Et vont dans le sens de cette Union,cette gouvernance économique dotée de règles éthiques, que Michel Barnier appelait de ses vœux pouraccompagner l'Union monétaire.Après la mise en place d'uneUnion bancaire avec ses superviseurs, d'un mécanisme de résolution, desauvetage des banques en faillite, le Parlement européen vient d'approuver lespeines de prison pour les auteurs d'abus graves, manipulation de marchés oudélits d'initiés, qui pourront aller jusqu'à 4 ans d'emprisonnement.Le travail n'est pas finiSi Michel Barnier considèreque cette régulation a permis de brider les responsables de la crise, ilreconnaît que le travail n'est pas terminé. D'ailleurs il est toujours à la tâche,avec la même rigueur et la même passion. Il s'attaque aujourd'hui à ce qu'onappelle les banques systémiques "too-big-to-fail" ("trop grossespour tomber"), ces banques universelles à la française, si grandes queles Etats ne les laisseront jamais tomber – en n'hésitant pas à "fairepayer les contribuables, sans jamais leur demander leur avis".Pour accroîtreleur solidité et la transparence, le commissaire européen veut les obliger àséparer leurs activités, en plaçant les activités de marché les plus risquéesdans des entités distinctes, au sein du "secteur bancaire parallèle"(non régulé)."Irresponsable"Ce projet de règlement,présenté le 29 janvier, a provoqué la colère du gouverneur de la Banque de FranceChristian Noyer, qui a qualifié les propositions de Michel Barnier d' "irresponsableset contraires aux intérêts de l'économie européenne".Pour un peu, MichelBarnier, fidèle de l'UMP, passerait pour un dangereux gauchiste... Ce quirendrait d'autant plus intéressante son investiture comme chef de file desconservateurs européens pour les élections européennes et la présidence de laCommission. Le Parti populaire européen choisira son candidat le 7 mars àDublin.